Je vous remercie, monsieur le président, d'avoir choisi ce thème pour notre réunion d'aujourd'hui.
J'ai été quelque peu choqué par une information que j'ai lue dans la presse au printemps : on a rallongé les crédits budgétaires pour améliorer la propreté des autoroutes d'Île-de-France cet automne, de toute évidence pour offrir un beau visage au moment de la COP21, sur le parcours des convois officiels. J'avais interpellé le Gouvernement sur l'état de malpropreté absolument incroyable aux abords des sorties d'autoroute autour de Strasbourg, notamment près de Dorlisheim et de Molsheim, ville dont je suis le maire. Où est l'équité entre l'Île-de-France, qui doit être l'image officielle de la France au moment de la COP21, et les territoires de province ? Tous les élus de province peuvent se retrouver derrière ma question, qui n'est pas partisane. C'est une vraie question qui appelle une vraie réponse.
Vous avez évoqué le thème très important du niveau de service, monsieur le directeur général. Sa dégradation poserait un véritable problème, car c'est la sécurité de nos concitoyens qui est directement en jeu. Avez-vous une inquiétude quant à l'évolution du niveau de service sur le réseau routier de l'État non concédé ?
Ce réseau, vous l'avez dit, accueille une partie considérable du trafic national. Or, compte tenu de la baisse des crédits – qui n'ont pas été rétablis –, 243 millions d'euros seulement sont consacrés à l'entretien de ces 12 000 kilomètres de chaussées. Quelles que soient les responsabilités respectives de la droite et de la gauche à cet égard – je ne veux pas politiser la question –, il y a une situation objective : à la longue – dix, quinze ou vingt ans –, à l'instar du réseau ferroviaire, le réseau routier vieillit et s'abîme, à l'exception du réseau concédé. La baisse des dotations aux collectivités territoriales joue d'ailleurs dans le même sens. De même, l'état de nos canaux est de plus en plus problématique, cela a été dit, et le réseau ferré n'est pas non plus dans un état irréprochable. Au rythme d'investissement actuel, il faudra 130 ans pour renouveler le réseau d'eau et d'assainissement. Qui peut penser qu'un réseau d'eau et d'assainissement peut tenir aussi longtemps ? Bref, nous avons un problème structurel d'investissement dans les infrastructures de notre pays. Je ne suis pas sûr d'avoir toutes les solutions, mais il est important de le souligner et d'en prendre collectivement conscience. Car cette dégradation lente et invisible posera un jour un problème économique majeur à la Nation.
À terme, avec le développement des voitures électriques, les recettes de l'État issues des taxes sur les carburants se réduiront mécaniquement. Le péage tel qu'il est conçu aujourd'hui sera-t-il encore pertinent demain ? L'avenir n'est-il pas plutôt à une taxe au kilomètre sur l'ensemble des réseaux, pour compenser la baisse du produit des taxes sur les carburants ? Les services de l'État mènent-ils une réflexion prospective à ce sujet ?