Monsieur le président, je voudrais vous remercier d'avoir présenté ce rapport. La commission du développement durable est tout à fait dans son rôle lorsqu'elle contribue à la réflexion qui est menée pour lutter contre le changement climatique, en particulier dans le cadre de la COP21.
Avant d'aller plus loin, n'hésitons pas à dire que cette COP est déjà un premier succès, ne serait-ce que par le nombre d'États représentés. Mais au-delà, tout le monde s'accorde pour souligner l'ampleur de la mobilisation sociale et privée, ce qui n'a pas forcément été le cas dans toutes les COP qui se sont tenues jusqu'à ce jour.
Par le passé, les négociations ont toujours été difficiles, et nous n'aurons jamais un accord parfait, comme l'a prévu Ban Ki-moon. Malgré tout, nous allons vers un compromis qui, de mon point de vue, devrait permettre de mieux lutter contre le dérèglement climatique. C'est en effet un impératif économique et de sécurité qui s'impose à nous tous.
D'une certaine façon, les dégâts du dérèglement climatique, à l'instar des récents attentats, ont entraîné une prise de conscience collective. Comme la lutte contre le terrorisme, la lutte contre le changement climatique est devenue un objectif prioritaire.
Ce rapport comprend une cinquantaine de pages, divisées en chapitres, et aborde de nombreux points, comme les objectifs de long terme, la réduction des émissions de GES, l'adaptation climatique, et bien sûr la problématique du financement, déjà largement évoquée.
Pour ma part, j'insisterai sur la question de la gouvernance. En effet, la COP n'est pas une finalité, comme le président Jean-Paul Chanteguet l'a rappelé. Il faudrait donc mettre en place un suivi des engagements pris à cette occasion. Je pense que notre commission pourrait, au niveau national, devenir le lieu où pourrait être fait le point de l'état d'avancement de la société bas carbone que nous souhaitons. Nous devrions y réfléchir.
On vient d'évoquer les effets de la déforestation ; se pose également la question du changement aquatique, dont on ne parle pas assez non plus, et qui est une des conséquences du changement climatique. Un de nos collègues du Pacifique l'a évoquée hier en séance.
Bien sûr, il est difficile de savoir ce qui risque de se passer. Mais il serait bon de s'intéresser davantage aux systèmes d'alerte précoce, qui ont connu des avancées phénoménales. Car les pays les plus menacés par les catastrophes climatiques sont aussi les plus pauvres et les plus démunis.
Les chiffres sont là : entre 1970 et 2012, 2 millions de personnes sont mortes, et à l'échelle de la planète, les dégâts sont estimés à 2 400 milliards de dollars. Comme on l'a rappelé hier à l'occasion de la présentation du système d'alerte précoce à laquelle participaient, sous l'égide d'Annick Girardin, secrétaire d'État au Développement et à la Francophonie, de nombreux chefs d'État, il faut faire preuve de solidarité pour aider les pays menacés. Parmi, eux, une île dont le point le plus haut culmine à deux mètres au-dessus de la mer… La France est parmi les pays plus qualifiés pour apporter une telle aide. Si l'on pouvait déjà limiter le nombre de morts causés par le dérèglement climatique, ce serait une avancée essentielle sur le plan humain.
D'un point de vue anecdotique, il y a, dans le rapport, tout un passage sur l'économie circulaire et sur la nécessité de changer de paradigmes, dans le monde en général et en France en particulier. Je pense que, sous le contrôle de François-Michel Lambert, président de l'institut de l'économie circulaire, nous avons encore beaucoup de progrès à faire au niveau local, notamment en matière de réglementation : avec lui, nous avons rencontré hier les représentants du recyclage des pièces automobiles.
Aujourd'hui, on doit partout faire bouger les lignes. Je sais que nous en sommes capables. Des initiatives concrètes ont déjà été lancées en marge de la COP21 : électrification de l'Afrique, soutien aux technologies vertes et aux systèmes d'alerte par le biais de CREWS, etc.
Le rôle que jouera la France pendant la COP21, mais aussi au-delà, est majeur. Comme l'a dit François Hollande, nous sommes face à un mur que nous avons nous-mêmes bâti et qui est la résultante de la façon dont nous avons vécu. Mais ce mur n'est pas infranchissable. Je l'ai dit en préambule, la lutte contre le dérèglement climatique est aussi importante que la lutte contre le terrorisme. Et le nombre de migrants doit continuellement nous interpeller.
Je terminerai donc en parodiant Jean de la Fontaine : « En toutes choses, dans le cas du dérèglement climatique comme ailleurs, il faut considérer la fin ». Et en l'occurrence, il s'agit de l'homme sur cette planète, en un mot de l'humanité.