Intervention de Michel Herbillon

Réunion du 30 octobre 2014 à 21h00
Commission élargie : finances - affaires culturelles - affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Herbillon :

Affirmer que le budget de la culture est désormais « sanctuarisé » est une provocation mal venue à l'égard des acteurs culturels car, depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir il y a deux ans et demi, le budget de la culture a subi des coupes budgétaires sans précédent, alors même que le Président de la République s'était engagé solennellement à le préserver.

Entre 2012 et 2015, la création aura vu ses crédits réduits de 7 % et les crédits dédiés au patrimoine auront fondu de près de 13 %. Le budget 2015, s'il interrompt cette hémorragie, ne compense nullement ces restrictions drastiques. Les crédits dédiés à la culture resteront donc à un étiage très bas. Dans certains secteurs déjà en grande difficulté, tels que l'entretien et la restauration des monuments historiques, la baisse des crédits va même se poursuivre en 2015. C'est également le cas des subventions aux grands musées. On réduit les dotations de certains opérateurs du spectacle vivant, tels que l'Opéra national de Paris, pour augmenter de façon parcimonieuse celles des autres. En vérité, seuls les crédits en faveur de l'éducation culturelle et artistique (EAC) et des bourses aux étudiants en architecture bénéficieront d'un coup de pouce l'an prochain.

Au-delà des seules données chiffrées, le budget est censé exprimer une politique culturelle et des axes stratégiques forts. Or, alors que nous abordons la deuxième moitié du quinquennat, nous sommes bien en peine de définir le projet culturel du Gouvernement, de ressentir un souffle ou une ambition. Les grands projets qui voient le jour – le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM) il y a un an, aujourd'hui la Fondation Louis-Vuitton et la rénovation du musée Picasso, bientôt la Philharmonie de Paris – sont le fruit d'initiatives privées ou l'aboutissement de projets lancés par la précédente majorité.

En deux ans et demi, vous n'avez mené aucune réforme à même de donner du sens à l'action culturelle de la France. Les projets de loi sur la création et le patrimoine, toujours annoncés par votre prédécesseur, ont sans cesse été repoussés. Les dossiers cruciaux, tels que ceux du régime des intermittents et des relations avec les collectivités locales dans le cadre de la réforme territoriale, sont toujours pendants et sans perspective claire. Vous nous avez affirmé à votre tour, madame la ministre, que vous présenteriez devant le Parlement une grande loi au premier semestre 2015. Nous en acceptons l'augure, mais comprenez que nous restions dubitatifs au regard de ce que nous avons pu observer jusqu'à présent. Ayant entendu que vous comptiez associer plusieurs membres de la commission des affaires culturelles à l'élaboration de ce texte, j'ose imaginer que des élus de l'opposition seront conviés.

La rue de Valois, mise au pain sec et à l'eau par le Gouvernement, semble rechercher le sens même de sa mission. Le groupe UMP ne votera donc pas le budget de la culture pour 2015, afin de marquer sa défiance vis-à-vis d'une politique culturelle, ou plutôt d'une absence de politique culturelle, qui n'a jusqu'alors qu'une traduction : la réduction de l'action culturelle de l'État.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion