Intervention de Gabriel Serville

Réunion du 30 octobre 2014 à 21h00
Commission élargie : finances - affaires culturelles - affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

L'affirmation selon laquelle le maintien des crédits de la mission « Culture » démontre l'importance de la culture pour le Gouvernement est à relativiser : ce maintien intervient en effet après deux années consécutives de diminution. Les efforts consentis cette année ne compensent donc pas les restrictions passées. Pire, si l'on tient compte de l'inflation, ce budget est en réalité en baisse de 0,9 %. Nous savons néanmoins, madame la ministre, que vous n'en portez pas la responsabilité.

Les crédits alloués à la culture en Guyane ont fondu comme neige au soleil cette année, baissant de 21 %, et cela me paraît fortement dommageable au département le plus jeune de France. En ces temps de crise, il eut été judicieux, au contraire, d'augmenter ce budget puisque, selon un rapport conjoint du ministère de l'économie et du ministère de la culture datant de décembre 2013, « la culture contribue sept fois plus au PIB français que l'industrie automobile, avec 57,8 milliards d'euros de valeur ajoutée par an ».

Dans chacune des trois missions, le partenariat entre l'État et les collectivités territoriales est omniprésent. Il est donc évident que tout un pan de votre politique sera coréalisé avec les collectivités, cette dynamique se situant dans la continuité du budget 2014. L'an dernier déjà, votre prédécesseur affirmait vouloir mener une « politique volontariste d'éducation artistique et culturelle » grâce à une action reposant sur le « renforcement du partenariat avec les collectivités et la valorisation de l'innovation dans les dispositifs et les modes d'intervention ».

Pourtant, vos ambitions, qui sont aussi les nôtres, ne sont-elles pas mises en péril par la baisse drastique des dotations aux collectivités prévue par le plan d'économies ? En effet, compte tenu du contexte de restriction budgétaire, on pourrait craindre que les collectivités n'en viennent prioritairement à renoncer à leurs projets artistiques. De même, elles pourraient repousser sine die la construction d'ouvrages publics, ce qui mettrait à mal le 1 % construction sur lequel vous comptiez pour développer la création. Ce problème ne porte-t-il pas atteinte aux fondements mêmes de votre politique culturelle ?

Enfin, on peut craindre un accroissement des inégalités entre territoires face à l'accès à la culture, si, à ce contexte, on ajoute les conséquences imprévisibles de la réforme territoriale couplées à la baisse des crédits alloués aux régions.

Pour toutes ces raisons, les députés de la Gauche démocrate et républicaine s'abstiendront sur le vote des crédits de la mission « Culture », nonobstant l'avis favorable que j'émets à titre personnel.

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