Essentielle à la culture, la proximité permet à chacun de construire et de multiplier les « lieux de mémoire » auxquels Pierre Nora nous a initiés. C'est au sein de cette construction collective que se conçoit le développement culturel, notamment celui des jeunes. C'est précisément cette volonté politique qu'exprime l'article 10 de la loi pour la refondation de l'école, instituant le parcours d'éducation artistique et culturelle. Cette éducation, qui a pour objectif l'égalité d'accès à la culture, consiste à favoriser la connaissance du patrimoine.
Or, si nous ne doutons pas, madame la ministre, de votre volonté de développer l'usage du numérique, comment faire de ce dernier un outil qui ne dévoie pas la portée des oeuvres ni celle du patrimoine, mais facilite la connaissance sans remettre en cause la proximité ? Quel usage convient-il d'accorder à cette interface pour retrouver l'authenticité de notre patrimoine, sans que cet usage devienne confiscatoire au profit de la seule image ? Telles sont les questions que nous nous sommes posées, au sein du Conseil supérieur des programmes, lorsque nous avons travaillé à l'élaboration de ce parcours d'éducation artistique et culturelle. Comment la mémoire des tablettes peut-elle contribuer à notre mémoire collective sans que nous soyons tentés d'en faire un outil d'ajustement budgétaire ?