Intervention de Michel Pouzol

Réunion du 30 octobre 2014 à 21h00
Commission élargie : finances - affaires culturelles - affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Pouzol :

Bien que la production cinématographique soit globalement en bonne santé en 2014, des inquiétudes pèsent sur ce secteur. Ses bons résultats apparents ne sauraient en effet masquer de grandes disparités. En laissant volontairement de côté les grands succès publics qui, comme chaque année, jouent le rôle de « locomotives » pour cette industrie, je m'attarderai sur deux difficultés.

Celle, tout d'abord, que connaissent les films « médians » – dont le budget se situe entre 4 et 10 millions d'euros – à trouver le chemin du public et de la rentabilité.

Celle, ensuite, que connaît cinéma de création, qu'on peut également appeler « d'art et essai » ou « indépendant » – et que j'appellerai pour ma part le « cinéma de la vie » – à trouver des moyens de diffusion. Ces films ont en effet de plus en plus de mal à être vus non seulement en salle – la multiplication des écrans ne leur profitant pas – mais aussi à la télévision, malgré les obligations de diffusion pesant sur Arte, Canal plus et France Télévisions.

Pourtant, c'est paradoxalement l'un de ces « films de la vie », La Vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche qui, avec son million d'entrées et un taux de rentabilité de 240 %, remporte la palme du meilleur investissement de l'année. C'est régulièrement le cas dans cette cinématographie, depuis La Vie rêvée des anges d'Érick Zonca il y a quelques années jusqu'aux 50 000 entrées du remarquable documentaire Au bord du monde – qui traite des SDF à Paris et que je recommande à tous ceux qui ne l'ont pas encore vu.

Si ce cinéma-là ne trouvait plus de débouchés, notre diversité culturelle s'en trouverait atteinte. Nous avons la chance de disposer non seulement d'une cinématographie identitaire, créative et indépendante présentant des risques financiers mesurés tout en demeurant très fragile, mais aussi, parallèlement, d'une cinématographie plus traditionnelle et plus inflationniste, construite aujourd'hui moins sur le pari culturel que sur celui de castings qui peuvent être mis en valeur lorsque ces films sont diffusés à la télévision. Sans insister sur les 90 % de films qui peinent à être rentables, comment réinventer la distribution et le financement de notre cinéma en améliorant la diffusion de sa diversité – qui permet, à chaque génération, l'émergence de nouveaux talents ? Quel meilleur terreau pour y parvenir que celui, si fertile, de l'indépendance ?

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