Monsieur le président, madame la ministre, madame la présidente de la commission, monsieur le rapporteur, chers collègues, défendre au nom de la commission des affaires économiques cette proposition de loi est pour moi parcourir mes terres de Lorraine et, avec un peu d’émotion, parcourir également un panthéon personnel.
Je me souviens de Gérard, une des personnes engagées dans cette entreprise dans le pays de Colombey-les-Belles, dans ma circonscription, qui plantait avec ATD Quart Monde, par un jour de grève des chômeurs, un bouleau. Une journaliste lui ayant demandé pourquoi un bouleau, il nous a appris que le bouleau était une essence pionnière, chargée de reconquérir les terres dévastées et qu’elle préparait le terrain pour des essences plus nobles. Il a eu du mal à terminer sa phrase : ce qu’il racontait là, c’était l’histoire d’une population, et non seulement d’un territoire dévasté. Il était ému aux larmes et, aujourd’hui, je suis fier d’être le député porte-parole de cette émotion et de ces combattants.
Je pense également à Michel Dinet, président fondateur de ce territoire de Colombey-les-Belles et ancien président de l’ODAS – Observatoire national de l’action sociale décentralisée – et du département de Meurthe-et-Moselle. Il a le premier répondu positivement à ATD Quart Monde pour ce combat. Michel Dinet disait qu’il préférait la coopération à la compétition, parce qu’elle permet à chaque homme, chaque territoire, de s’épanouir et de se développer à son propre rythme, sans risquer qu’un train allant trop vite ne l’écrase.
Je pense à Geneviève de Gaulle-Anthonioz, présidente d’ATD Quart Monde. En ces temps tragiques de la vie politique, cette première présidente d’ATD Quart Monde – après le père Joseph Wresinski – avait traversé la nuit des camps avant de s’engager toute sa vie sur ce chemin de l’espérance emprunté par ATD Quart Monde. La lutte contre la misère était sa manière à elle de résister au terreau qui avait fabriqué le nazisme.