Intervention de Christophe Sirugue

Séance en hémicycle du 9 décembre 2015 à 15h00
Expérimentation territoriale visant à faire disparaître le chômage de longue durée — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Sirugue :

Monsieur le président, madame la ministre, madame la présidente de la commission, monsieur le rapporteur, monsieur le rapporteur pour avis, mes chers collègues, la grande exclusion, dont le chômage de longue durée est l’une des causes, est un fléau, dont les conséquences sont dramatiques. Dramatiques pour les personnes qui la vivent, mais dramatiques et lourdes, aussi, pour notre société. Ses conséquences sont économiques, sanitaires, humaines, et elles s’inscrivent malheureusement dans une dynamique extrêmement forte.

Ainsi, selon l’INSEE, le nombre de chômeurs de longue durée s’est accru de 56 % entre 2008 et 2013, alors que le chômage augmentait globalement de 43 % pendant la même période. Face à cela, la mobilisation des gouvernements pour lutter contre le chômage est une nécessité, tant elle correspond à un mal qui gangrène notre société. Des solutions sont proposées et mises en oeuvre pour soutenir l’activité économique, pour renforcer les moyens de Pôle emploi, pour encourager l’investissement, pour contenir les charges, pour proposer des emplois aidés, pour accompagner l’insertion par l’activité économique, pour soutenir la formation professionnelle. Et il faut évidemment poursuivre l’ensemble de ces mesures.

Je voudrais néanmoins vous citer un passage du rapport que le Conseil économique, social et environnemental a consacré à cette proposition de loi. Il y est écrit que, « comme l’a souligné le rapport annuel du CESE sur L’état de la France en 2015, si des signaux de reprise de l’activité se dessinent, la croissance apparaît de moins en moins riche en emplois ». Il est encore indiqué que « la croissance n’est plus suffisante pour créer des emplois à la hauteur des besoins de notre population ». Il nous faut donc oser des pistes nouvelles, car nous multiplierons ainsi les possibilités d’accompagnement, de réinsertion sociale et de réinsertion professionnelle.

La proposition de loi qui nous est présentée, issue des travaux d’ATD Quart Monde, s’inscrit dans cette démarche d’innovation. Elle présente un intérêt fondamental, celui de changer de paradigme, en reconnaissant les compétences des personnes concernées par ce dispositif, d’une part, et en tenant compte, d’autre part, de l’offre locale de services, socialement utile et jusque-là non couverte.

Notre devoir, c’est de soutenir cette belle ambition. Et, de fait, l’ensemble du groupe socialiste, républicain et citoyen lui apportera un soutien résolu, déterminé et vigilant. Cette réussite, que nous appelons tous de nos voeux, suppose néanmoins certains préalables, que je me permettrai de rappeler. Comme cela a déjà été noté, il faudra en effet que nous nous montrions vigilants sur plusieurs points.

D’abord, et sans esprit de provocation, je voudrais m’adresser à certains membres de l’opposition et les appeler à sortir de la vision culpabilisatrice des chômeurs de longue durée. Personne ne peut se complaire dans un système qui exclut, qui appauvrit, qui ruine tout projet et tout avenir. Il peut y avoir du désespoir, voire du renoncement, certainement pas un sentiment de confort, mais plutôt celui que rien ne vous est proposé, qu’aucune main ne vous est tendue.

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