Intervention de Jean-René Marsac

Séance en hémicycle du 9 décembre 2015 à 15h00
Expérimentation territoriale visant à faire disparaître le chômage de longue durée — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-René Marsac :

Il est donc plus que temps d’ouvrir des voies nouvelles pour lutter contre le chômage, particulièrement contre le chômage de longue durée. Le choix d’expérimenter, dans dix petits territoires, une réorientation de la dépense publique vers le soutien à des emplois en CDI est une bonne démarche, que nous appuyons.

Il ne s’agit plus ici d’administrer par des circulaires un énième dispositif d’insertion, avec des catégories administratives et des objectifs chiffrés. Il s’agit, dans les comités de pilotage locaux, de donner des impulsions, d’innover et d’arbitrer au plus près du terrain entre les hypothèses porteuses de développement d’emplois et ce qui peut se révéler être des impasses – il y en aura sans doute !

Pour réussir, l’expérimentation exige un pilotage interpartenarial très innovant et très rigoureux. Il faut que chaque partie prenante en prenne conscience. J’en appelle à Mme la ministre pour tenir ce cap.

Ayant participé aux prémices de ce projet, dans le dialogue avec ATD Quart Monde, depuis deux ans, et à l’amorce du travail collectif conduit à Pipriac et à Saint-Ganton, dans ma circonscription, je souhaite souligner quelques éléments qui structurent très fortement la démarche.

La dimension collective, ancrée dans un territoire repéré par tous les acteurs – deux communes, en l’occurrence – est déterminante. Les personnes à la recherche d’un emploi sortent de l’isolement en créant des liens avec leurs pairs, mais ils coopèrent aussi avec des chefs d’entreprise, des élus, des fonctionnaires de l’État et des collectivités locales, ou encore des responsables associatifs. Tout bouge dans les représentations des uns et des autres, et le goût de faire ensemble crée des dynamiques personnelles.

Par ailleurs, le sentiment d’utilité sociale et l’opportunité de révéler à nouveau ses capacités professionnelles provoquent une bouffée de reprise de confiance en soi qui dépasse de très loin toutes les autres méthodes d’accompagnement social.

Plusieurs d’entre vous l’ont souligné tout à l’heure : la perspective de proposer un CDI lève cette pression que les personnes vivent depuis des années entre l’intérim, les CDD, les stages, les contrats d’insertion et les dossiers administratifs à faire et à refaire encore et encore.

Pour avoir participé à sa genèse, je ne crois pas du tout que la proposition de loi dont nous débattons aujourd’hui soit, de quelque manière que ce soit, en concurrence avec l’insertion par l’activité économique : au contraire, elle la prolonge, elle la complète, elle l’enrichit.

Depuis trente ans, nous nous rendons compte que l’activité professionnelle n’est pas l’aboutissement d’un parcours d’insertion ou de formation, mais qu’elle en est le support d’amorçage le plus efficace. Oui, le retour à l’emploi passe par l’emploi. Cela paraît une pirouette, c’est pourtant l’évidence pour ceux qui connaissent assez bien le sujet. C’est dans l’exercice d’une activité professionnelle que se construisent l’insertion et la formation des moins qualifiés et de tous ceux qui ont perdu confiance en eux-mêmes.

Enfin, cette expérimentation est une de ces innovations sociales qui doivent trouver leur place aux côtés des innovations technologiques. Ces innovations sociales sont tout aussi porteuses de créations d’emplois ; elles s’expriment déjà dans l’économie sociale et solidaire, dans de nouvelles formes collaboratives, dans de nouveaux services locaux. Le financement de ces innovations sociales, entrepreneuriales et territoriales est un investissement productif en activités économiques et en emplois : c’est un investissement nécessaire.

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