Au sein d’ATD Quart Monde, qui a beaucoup inspiré cette démarche avec de nombreuses associations, on cite ces mots de Victor Hugo : « Vous voulez la misère secourue, moi, je la veux supprimée. » Ce soir, nous pouvons récrire ces lignes en disant : « Vous voulez les chômeurs secourus, nous voulons le chômage supprimé. » C’est bien cette volonté qui a animé Laurent Grandguillaume dans son travail.
L’article 1er de cette proposition de loi en résume l’essentiel. Tout d’abord, c’est une expérimentation en grand, c’est-à-dire une manière innovante de construire l’action collective et les politiques publiques. C’est aussi revendiquer le droit à l’erreur, la possibilité de rectifier, celle d’évaluer en permanence, de ne pas se décourager au premier obstacle, de s’entraider sur et entre les territoires. La deuxième idée, c’est de dépasser la logique traditionnelle des emplois aidés. Il s’agit ici de contrats à durée indéterminée. La précarité, voilà l’ennemi à traiter, inséparable du chômage et des solutions palliatives.
La troisième idée, c’est de ne pas opposer, de façon archaïque, économie et solidarité. Nous savons bien que le marché ne fait pas tout. Il y a des gisements de travail et d’imagination dans nos territoires. L’économie solidaire peut trouver ici une vigueur nouvelle.
La quatrième idée, c’est la convergence des efforts de tous, de deux façons. D’abord, il faut dépasser les logiques séparées qui trop souvent cloisonnent les actions contre le chômage : personne, aucun acteur, ne détient la vérité révélée. Ensemble, nous ferons mieux. Ensuite, il convient de fusionner les moyens. Cet objectif ancien, mais jamais atteint, de parvenir à convertir les dépenses passives du chômage en soutiens actifs à l’emploi est essentiel.
Il ne s’agit pas un seul instant de décrier les allocations, qui sont vitales. Il s’agit d’utiliser de la façon la plus juste et la plus efficace l’ensemble des moyens rassemblés par l’impôt local ou national, et par les cotisations sociales. C’est un tabou qu’il faut faire sauter. Mais quand de vraies réformes structurelles sont porteuses de progrès, un tabou peut s’effacer.