J'ai eu l'occasion d'assister à une session de la journée défense et citoyenneté, et je n'en ai pas tiré une très bonne impression. Les locaux étaient vétustes – plus encore que ceux de nos maisons des jeunes et de la culture, c'est dire ! –, le programme trop large. Le système fonctionne mal. La défense, c'est la défense, pas autre chose. L'on se disperse en cherchant à traiter aussi, pêle-mêle, de vivre-ensemble, d'écologie, etc. Ni les personnels ni l'institution ne sont pas à mettre en cause, bien entendu. Néanmoins, on a le sentiment que l'on prépare les jeunes à l'affaiblissement de leur propre pays.
Quant au film de sensibilisation aux enjeux stratégiques qui est présenté aux jeunes, il m'a semblé très daté : pas un mot sur la radicalisation, et le seul ennemi sérieux, c'est éventuellement la Corée du nord... Il aurait pu être présenté à ma génération. Il faut recentrer le propos et une remise à zéro s'impose. Un travail collectif sur les dangers d'aujourd'hui s'impose. Même si l'on peut parfois avoir l'impression qu'il est des notions dont tout le monde a entendu parler, une étude plus approfondie, avec des spécialistes, serait bien utile.
Il faut se méfier des recettes « gadget », comme l'idée de rétablir le service militaire d'antan ou d'instituer une garde nationale. J'en viens à me demander si ce n'est pas à la seule fin de donner du grain à moudre aux médias que foisonnent de telles propositions.
Pourquoi une génération entière ne pourrait-elle pas s'engager au service de la défense ? Les questions de coût sont-elles vraiment dirimantes, surtout depuis que le président de la République a clairement affirmé, le 16 novembre dernier, que le pacte de sécurité primait sur le pacte de responsabilité budgétaire ? À mes yeux, les pistes de votre rapport sont intéressantes, mais il y a en tout état de cause un nouveau modèle à inventer pour notre jeunesse afin d'éviter de se contenter à nouveau de simples solutions intermédiaires palliatives.