Intervention de Daniel Fasquelle

Réunion du 8 décembre 2015 à 17h00
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDaniel Fasquelle :

Un sondage paru cette semaine indique que 89 % des Français sont préoccupés par la situation économique du pays et qu'ils sont 81 % à juger qu'elle s'aggrave ; en outre, 96 % des Français affirment percevoir les effets de la crise dans leur vie personnelle et 73 % estiment que leur pouvoir d'achat a baissé. S'ajoute à cela le séisme électoral que nous venons de vivre dimanche. En toute franchise, votre discours me semble en décalage avec le sentiment profond des Français sur la situation économique.

Certaines de vos propositions et des mesures que vous avez prises vont sans aucun doute dans le bon sens, mais les choses ne vont ni assez vite, ni assez loin. De ce fait, les Français ont l'impression que nous attendons passivement une amélioration de la situation qui, au contraire, ne cesse de se dégrader, comme en attestent les dernières statistiques du chômage. Lorsque Mme Christine Lagarde occupait votre fonction, l'opposition d'alors avait chanté « Tout va très bien, madame la marquise » dans l'hémicycle, ce qui fut particulièrement désagréable pour elle. Je ne chanterai pas « Tout va très bien, monsieur le marquis », mais c'est tout de même l'impression que laissent vos propos. Vous ignorez l'évolution du chômage et ne tenez pas davantage compte du message que vous envoient les Français, ni de leur sentiment concernant la réalité économique de notre pays.

Hier, M. Pierre Gattaz, le président du Medef – je le cite car il faut écouter tout le monde – proposait un plan d'urgence. Pourquoi n'en parlez-vous pas ? À l'état d'urgence en matière de sécurité devrait faire écho un état d'urgence en matière économique, tant la situation est de plus en plus grave et tant le désespoir des Français s'accroît. Quelle réponse faites-vous à M. Gattaz et, surtout, que proposez-vous pour déclencher un véritable plan d'urgence contre le chômage et pour le pouvoir d'achat, de sorte que les Français aient le sentiment qu'une volonté réelle d'améliorer la situation existe au sommet de l'État ?

J'en viens à votre projet de loi sur les nouvelles opportunités économiques, qui suscite des inquiétudes. Certes, il faut lever les barrières inutiles à l'entrée dans certaines professions, mais il faut aussi se garder de mettre en cause des réglementations professionnelles qui protègent avant tout les consommateurs. De ce point de vue, quel lien établissez-vous entre votre action et les directives européennes « Services » et « Qualifications professionnelles », ainsi qu'avec la demande réitérée de la Commission européenne de procéder à un examen des statuts professionnels dans les États membres afin de faciliter la mobilité ? Est-ce là l'aiguillon qui vous incite aujourd'hui à nous proposer de telles mesures, ou est-ce pour d'autres raisons ?

Dans le secteur de la restauration, je vous proposerai – comme je l'ai déjà fait – de réglementer l'appellation de « restaurant », car j'estime qu'un restaurant est un lieu où l'on fait à manger. Or, nombreux sont les prétendus « restaurants » qui trompent les consommateurs en se contentant d'utiliser des ciseaux et des fours à micro-ondes pour réchauffer des plats préparés ailleurs. Cette mesure de bon sens permettrait non seulement de mieux informer les consommateurs, mais aussi de donner du travail aux jeunes – ceux que nous formons au lycée hôtelier du Touquet, par exemple. En effet, si l'industrialisation de la cuisine se poursuit, les cuisiniers et les pâtissiers que nous formons aujourd'hui n'auront plus de débouchés professionnels demain.

Vous évoquez l'apprentissage ; je tiens à cet égard à dénoncer le recours massif aux contrats aidés, qui représentent jusqu'à un quart des emplois des jeunes. Or, chacun sait que les emplois aidés sont des trappes à inactivité. Parallèlement, l'apprentissage a reculé de 5 % depuis un an : allez-vous enfin cesser de créer des emplois aidés pour maquiller en partie le chômage, et recourir massivement à l'apprentissage, qui est la seule solution pour que de nombreux jeunes entrent sur le marché du travail ?

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