Intervention de Guy Maugis

Réunion du 9 décembre 2015 à 16h30
Mission d'information sur l'offre automobile française dans une approche industrielle, énergétique et fiscale

Guy Maugis, président de Bosch France :

Je souscris totalement aux propos qui viennent d'être tenus : la neutralité technologique est essentielle, pour nous. Nous fabriquons des équipements pour des véhicules diesel, essence, hybrides et électriques. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, notre intérêt économique ne nous pousse donc pas forcément à défendre à tout prix le diesel parce que ce serait bon pour nos affaires.

Aujourd'hui, si l'on veut respecter les objectifs de réduction des gaz à effet de serre et d'émissions de CO2, on ne peut se passer du diesel. C'est le seul carburant qui, par sa capacité technologique intrinsèque, permet de consommer 15 à 20 % de moins et d'émettre 15 à 20 % de CO2 de moins qu'un moteur à essence. C'est d'autant plus vrai que les véhicules sont lourds. Ainsi, pour les poids lourds, il n'y a pas d'autre solution que le diesel, car un moteur à essence n'a pas la puissance suffisante, ou alors il consommerait trois ou quatre fois plus que son équivalent diesel. Pour réduire les émissions de CO2, le diesel est donc pour nous la seule solution technique possible.

Certes, les moteurs diesels anciens présentaient un certain nombre d'inconvénients, notamment celui d'émettre des particules. Ce problème a été progressivement réglé avec l'évolution des normes et la mise en place des filtres à particules. Il faut noter, à cet égard, que les moteurs à essence modernes à injection directe commencent à émettre des particules : il faudra donc les équiper eux aussi de filtres à particules au fur et à mesure du renforcement des normes. En tant qu'industriels, nous sommes tout à fait partisans d'un durcissement de ces normes, nous plaidons simplement pour que cette évolution suive le rythme des capacités technologiques et de la faculté des ménages à payer le surcoût induit par cette mise aux normes des véhicules.

Un autre sujet a été récemment porté à l'attention du public, celui des oxydes d'azote, abréviés NOx. Nous avons les solutions technologiques – SCR ou piège à NOx – pour respecter des normes très restrictives en la matière, comme les normes américaines. C'est encore un peu coûteux, mais avec la massification de ces technologies, nous arriverons à en réduire le coût.

L'idée selon laquelle le diesel est plus polluant que l'essence est donc une idée du passé. Les technologies modernes donnent à peu près la même neutralité polluante, avec cependant un avantage en termes de CO2 pour le diesel.

D'autres technologies permettent de réduire la consommation, notamment sur des cycles courts en ville, je pense aux véhicules hybrides. Mais il ne faut jamais oublier qu'un véhicule hybride fonctionne avec un moteur à explosion, qui est parfois un moteur diesel, comme le fait PSA avec son moteur « HYbrid4 ».

Pour revenir sur la vignette, nous sommes déçus de constater que l'arbitrage qui a été rendu n'est pas neutre technologiquement. Les véhicules diesel « Euro 6 » vont en effet se retrouver dans une catégorie qu'ils « ne méritent pas », car si l'on s'en tient uniquement aux mesures techniques et scientifiques des niveaux de particules et de NOx émises, ils répondent au même niveau d'exigence environnementale que les véhicules essence « Euro 6 ».

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