Ce qui est complexe, ce n'est pas tant l'objet que la réalité. Tout au long d'une vie, voire simultanément, un même individu occupe maintenant différentes situations, et donc jouit de droits différents. Il faut donc arriver à reconstituer une unité, tout en sachant qu'on ne réduira jamais entièrement la complexité. Il faut décloisonner, ce qui peut se faire en limitant les écarts entre différentes situations et différents statuts, mais aussi en construisant des interfaces, en mettant en communication. C'est sur cette deuxième option qu'est construit le CPA.
Le point est un instrument d'autonomie : cette unité de compte ouvre un espace de choix. Le CPA doit aussi être un outil d'information, et en ce domaine les potentialités sont considérables. J'entendais ce matin que les futurs bacheliers recevraient maintenant, dans le cadre de la procédure Admission post-bac, des informations statistiques sur les débouchés et les taux de réussite des filières qu'ils envisagent de choisir. C'est quelque chose qui permet de faire des choix. La fongibilité permet de même de faire des choix, et pour cela il faut une unité de compte. C'est le principe des miles des compagnies aériennes : vous gagnez des points en effectuant des voyages en avion, et vous les convertissez ensuite en billets d'avions, ou bien en nuits d'hôtel ou en locations de voiture…
Le rapport rappelle aussi – dans la tradition intellectuelle d'Alain Supiot – que le point peut éventuellement rémunérer des activités socialement utiles. Le bénévolat peut ainsi permettre de gagner des points, que vous utiliserez ensuite par exemple par la suite pour vous occuper d'un proche en état de dépendance. Le CPA peut ainsi être étendu à différentes sphères de la vie sociale : le rapport laisse cette question ouverte. Mais c'est un choix qui n'est pas sans incidence sur la gouvernance, puisque l'on sortirait plus encore des sphères traditionnelles de la négociation sociale. Cela pose aussi plus encore la question du rôle du législateur dans l'ouverture de droits et dans la fixation des limites.