Un champ d'action considérable est encore ouvert pour les collectivités territoriales. Autrefois, les actions de coopération qu'elles pouvaient entreprendre étaient excessivement mal vues par le Quai d'Orsay. L'État avait tendance à considérer qu'elles venaient se mêler de questions qui ne les regardaient pas. Les choses ont un peu évolué, et cette évolution doit se poursuivre, car les collectivités disposent d'une réelle capacité d'action en matière de diffusion de la langue française.
Les bonnes idées et les intentions positives sont finalement nombreuses, mais un problème de leadership se pose pour que soit insufflé le dynamisme nécessaire. Qui peut avoir l'autorité technique, administrative et morale pour jouer ce rôle et surmonter les obstacles ? J'ai pour ma part toujours été déçu de constater que les secrétaires d'État en charge de la francophonie n'avaient en aucun cas la capacité de faire passer leurs idées ni celle de jouer un véritable rôle de coordinateur, de fédérateur ou d'animateur.
Monsieur Lambert, votre message porte au-delà du champ du travail de la MEC – cela dit, j'avoue qu'il nous est arrivé de franchir nous-mêmes certaines limites. En période de régime amincissant nous recommandons des efforts en matière de musculation. Lorsqu'elles voient diminuer les aides financières qu'elles reçoivent, nous demandons aux institutions de faire preuve de plus d'efficience. Comme le suggérait Marie-Christine Dalloz, selon les institutions, il doit être possible, dans le cadre d'une contractualisation pluriannuelle, d'inciter une institution à faire des efforts en échange d'un financement majoré.
Comme vous, monsieur Lambert, je crois que si l'on veut sérieusement relancer une véritable politique de la francophonie, il faut incontestablement faire plus. À l'étranger, je ressens moi aussi que beaucoup de nos amis francophones se demandent aujourd'hui si les Français « en veulent encore ».