Le reproche adressé aux partenaires sociaux de favoriser les salariés par rapport aux demandeurs d'emploi en matière de formation professionnelle pourrait laisser penser qu'il y a une séparation très nette entre les deux, comme s'il y avait deux équipes. En fait, ce sont bien souvent les mêmes qui passent alternativement de l'une à l'autre. Plus on encouragera et financera la formation professionnelle à l'intérieur de l'entreprise, meilleures seront les chances de reclassement en cas de perte d'emploi. Bien souvent, les demandeurs d'emploi n'ont pas bénéficié de formation professionnelle pendant leur vie professionnelle, ce qui ne favorise pas la sécurisation de leur parcours et leur retour à l'emploi. En licenciant des salariés de cinquante ans et plus alors qu'on n'a pas fait l'effort de leur offrir une formation pour maintenir leur capacité à occuper un emploi, comme la loi y oblige, on crée du chômage de longue durée.
J'ai le sentiment que les nouvelles formes d'emploi ne sont qu'une affaire de dumping social. Elles se développent tout simplement parce qu'il n'y a pas de cotisations sociales à payer. C'est du quasi-travail au noir. En Californie, dès lors que le juge estimera qu'Uber doit payer les cotisations sociales ou les taxes sur l'emploi, l'entreprise fermera. Il faut donner à ces actifs des droits en matière de formation professionnelle, de protection sociale, ce qui aura un coût. Dès lors que l'écart entre le coût du salariat et le coût de ces nouvelles formes d'emploi se résorbera, on verra leur nombre croître moins rapidement.
Quant à déterminer quel est le niveau de cotisation soutenable, mieux vaut interroger le coût global de l'emploi. Il ne faut pas se faire d'illusion : si demain cette assurance ne reposait plus sur les cotisations sociales, elle se traduirait par des impôts, car, dans ce pays, nous avons fait le choix collectif de créer un tel amortisseur social.