Intervention de Jean-François Pilliard

Réunion du 10 décembre 2015 à 9h00
Mission d'information relative au paritarisme

Jean-François Pilliard, délégué général de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie, UIMM, vice-président de l'Unédic :

La question de l'apprentissage n'est pas directement liée au paritarisme, mais elle est cruciale par rapport à la situation de non-emploi des jeunes. Nous partageons pour une part ce constat, encore qu'il soit très contrasté pour moi qui dirige pendant quelques semaines encore la branche industrielle de la métallurgie : c'est la seule qui, à l'heure actuelle, voit augmenter le nombre de ses apprentis – il faut reconnaître que nous sommes partis de loin.

Le constat, disais-je, est contrasté puisqu'il y a, d'un côté, des jeunes qui ne trouvent pas d'entreprise pour les accueillir en alternance, de l'autre, des entreprises qui proposent en vain des postes d'apprentis. Cependant, il existe des pistes : puisqu'on parle de coopération entre les différents acteurs, il serait extrêmement judicieux d'intensifier la co-élaboration du contenu des diplômes entre le monde de l'éducation et le monde de l'entreprise. Cela renforcerait incontestablement notre efficacité collective.

Le deuxième sujet sur lequel il y a des progrès à faire, c'est le mode de financement de l'apprentissage. Je parlais tout à l'heure du maquis de la réglementation en matière d'hygiène et de sécurité. Demandez à un chef d'entreprise ou à un salarié quels sont les fondements du financement de l'apprentissage ! C'est un maquis épouvantable…

En Allemagne, où l'apprentissage est particulièrement performant, l'État ne consacre pas un euro à son financement. Le système est financé exclusivement par les entreprises ; en contrepartie, il n'y a aucune intervention de l'État ni des régions dans ce domaine. Dans notre pays, nous sommes dans une situation très ambiguë : on fustige le rôle de l'État, mais en même temps, on le sollicite constamment. Pour notre part, nous souhaiterions, en matière d'apprentissage, un système dans lequel l'entreprise piloterait. Il n'y aurait plus d'aide de la part de l'État et nous instaurerions un copilotage et une coconstruction du contenu des diplômes avec l'Éducation nationale.

Enfin, nous sommes un pays très élitiste où celui qui n'a pas un bac + 5, voire un bac + 7, n'est pas reconnu dans notre société. En Allemagne, pour arriver à des niveaux de responsabilité élevés, on passe par la filière de l'apprentissage.

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