Intervention de Pierre Burban

Réunion du 10 décembre 2015 à 9h00
Mission d'information relative au paritarisme

Pierre Burban, secrétaire national de l'union professionnelle artisanale, UPA :

Je suis d'accord avec ce qu'a dit Jean-François Pilliard. Et pour ce qui est des conditions de la négociation, le lieu où elle se tient peut relever du symbole, mais nous sommes en train de négocier sur ce sujet.

En ce qui concerne ce que l'on appelle peut-être abusivement « l'ubérisation du monde du travail », n'oublions pas les plateformes sont des moyens qu'offre aujourd'hui internet pour mettre les gens en relation.

Deux questions se posent. Premièrement, les personnes qui intègrent ces plateformes pour avoir une activité doivent payer pour cela. L'État doit s'interroger sur ce système. Deuxièmement, se pose le principe de l'égalité devant la loi. L'UPA a une position très claire : mêmes droits, mêmes devoirs. Or, que ce soit dans le secteur du bâtiment, de l'alimentation ou dans les transports, ces plateformes ouvrent un champ nouveau pour réaliser des activités. Nous l'avons vu, notamment avec UberPop, les personnes réalisent de l'activité sans respecter la réglementation du métier et sans payer, la plupart du temps, ni impôts ni charges sociales. Pourquoi pas, après tout, si l'on veut mettre à bas tout notre système de protection sociale, nos routes et tout le reste ?

Je ne suis pas d'accord avec Jean-François Pilliard lorsqu'il dit que si l'on applique la totalité des réglementations existantes à ces nouvelles activités, on va les tuer dans l'oeuf. Il ne faut pas rêver : il y aura des transferts de marchés. Autrement dit, certaines activités ne seront plus réalisées « normalement ». Du reste, des artisans sont déjà présents sur ces plateformes. Cela leur permet d'accéder à certains marchés, à ceci près qu'eux paient leurs impôts et leurs charges sociales. À l'UPA, nous défendons le numérique et nous le développerons, car c'est une manière, pour nos activités, d'accéder plus facilement à certains marchés. D'ailleurs, si l'on n'utilisait pas le numérique dans l'artisanat, il y a belle lurette que bon nombre d'activités auraient disparu ! Le boulanger, par exemple, programme ses machines la veille, il n'a plus à travailler la nuit pour faire ses pâtons. Les métiers ont changé.

Quand j'expliquais dans mon propos introductif pourquoi les économistes s'étaient trompés, c'est parce que toutes les évolutions technologiques, et en particulier l'informatique, sont devenues accessibles à ces catégories d'entreprises. Aujourd'hui, ce sont les artisans qui se réapproprient les marchés, pour les fabrications de charpentes, par exemple, avec des machines à commande numérique.

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