Nous accueillons monsieur Xavier Timbeau, directeur principal de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), un organisme scientifique qui est le centre de recherche économiques de Sciences Po.
La mission d'information a déjà entendu un économiste, le professeur Élie Cohen. Il nous a donné une description argumentée mais plutôt inquiétante de la situation de la construction automobile française.
Au titre de ce qu'il a appelé un « décrochage industriel », ce spécialiste de l'économie industrielle a souligné un véritable effondrement de l'activité en termes de véhicules produits en France, donc en termes d'emplois, mais aussi un important retard en matière de recherche et développement en comparaison des constructeurs allemands.
La semaine passée, les responsables de la Fédération professionnelle des équipementiers, la FIEV, nous ont également indiqué que les emplois relatifs à leurs activités françaises avaient fortement décliné au long des vingt dernières années.
La situation est d'autant plus préoccupante que les équipementiers ont su faire face à la crise de 2008-2009, par des efforts de productivité et d'innovation. La rentabilité économique de leurs activités s'est même plutôt favorablement rétablie. Toutefois, ces industriels ne nous ont pas caché que les perspectives d'une croissance significative de leurs emplois en France restent faibles.
Monsieur Timbeau, la mission d'information est intéressée par vos analyses sur une situation qui relève probablement d'un déficit de compétitivité. Mais elle pourrait aussi avoir d'autres causes ; nous souhaitons profiter sur ce point de vos éclairages. Vous avez beaucoup travaillé sur les questions tenant à la durée du travail et à la productivité. Peut-être pourrez-vous nous préciser quels sont les véritables défis posés aux constructeurs français sur ces thématiques ?
Plus généralement, quelles sont les spécificités en termes d'investissement ou d'innovation qui singulariseraient défavorablement nos constructeurs vis-à-vis de leurs concurrents allemands ou asiatiques ? Des interrogations semblent pouvoir être soulevées s'agissant des stratégies comparées des grands groupes.
Différents point sont à évoquer s'agissant de nos constructeurs : le choix de fabriquer des véhicules de gamme moyenne voire low cost et en tout cas éloignés du haut de gamme générateur des plus fortes marges ; le déséquilibre de leur production entre les motorisations diesel et essence ; des choix peut-être trop exclusifs en faveur d'une filière technologique, comme c'est le cas du véhicule électrique pour un des deux constructeurs français.
Enfin, quel est, monsieur Timbeau, votre analyse sur les conséquences possibles de l'affaire Volkswagen pour l'économie de l'ensemble du secteur ? La défiance des consommateurs affectera-t-elle durablement le secteur ? En quoi les constructeurs devront-ils prioritairement évoluer dans leur business model comme dans leur communication et leur stratégie de marketing ? Que doivent exiger d'eux les pouvoirs publics et quelles modifications réglementaires et fiscales du cadre de leurs activités vous paraissent-elles les plus urgentes ?
Nous allons vous écouter, dans un premier temps, pour un exposé liminaire de présentation. Puis madame Delphine Batho, rapporteure de la mission, vous posera une première série de questions. Elle sera suivie par les autres membres de la mission qui, à leur tour, vous interrogeront.