J'irai droit au but. L'Union européenne est entrée dans une phase de délitement accéléré. Si nous sommes parvenus à colmater une première brèche sur le front de la gouvernance économique et monétaire en imaginant, au plan politique ou réglementaire, des niveaux d'intégration supplémentaires, l'Union européenne par le marché se révèle impuissante à faire face aux chocs politiques résultant de la multiplication des crises à ses frontières, autour de la Méditerranée ou en Ukraine.
De manière tacite, Schengen est aboli, au moins pour un certain temps, et les frontières nationales se referment, ce qui, pour ma génération, est un véritable crève-coeur, et représente une évolution incompréhensible pour nos enfants.
Nos positions par rapport à la Russie, à la Turquie, au Mali ou à Daech relèvent encore de la diplomatie interétatique – à géométrie variable – et, si nous ne pouvons que vous remercier de votre réponse aux sollicitations que vous a adressées François Hollande en vertu de l'article 42-7, nous ne pouvons en rester là. Un saut fédéral est nécessaire en matière de politique migratoire, de contrôle aux frontières, et nous devons aller jusqu'où nous l'autorisent les traités en matière de sécurité et de défense commune.
Aujourd'hui, l'Europe semble s'en remettre à l'OTAN pour sa sécurité. Or l'OTAN se trouve déstabilisée par le fait que, d'une part, nombre d'Européens considèrent la Russie comme leur meilleur allié contre Daech, cependant, d'autre part, que cette même Russie connaît un incident de frontière non négligeable avec la Turquie, elle-même membre de l'OTAN. L'Union européenne a-t-elle une idée précise de la manière dont elle entend placer ses pions dans ce jeu de go ? De quel côté penche-t-elle au sujet de l'incident russo-turc ? Tous les pays de l'Union sont-ils en ligne, étant entendu qu'il pourrait être dangereux de semer la zizanie au sein de l'OTAN et d'aggraver les tensions en Ukraine, alors que nous avons besoin des Russes sur le théâtre des opérations au Levant.