Intervention de Jacques Myard

Réunion du 9 décembre 2015 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Moi aussi, monsieur Roth, en regardant l'Europe je suis inquiet, mais pas pour les mêmes raisons que vous. Car votre conception de l'Europe date des années soixante, et le monde a changé ! Il faut regarder la réalité en face : c'en est fini de l'Union européenne conçue comme un bloc. Je m'étonne d'ailleurs que dans votre discours fédéraliste, vous ayez oublié de mentionner la décision de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe de juin 2009, qui spécifie clairement que pour bien des décisions prises à l'échelle européenne, la diète fédérale doit avoir le dernier mot.

Je vous remercie, cela étant pour le soutien de l'Allemagne, et je sais qu'en cas de coup dur, tous les Européens feront face ensemble notamment vis-à-vis de l'État islamique. Vielen Dank dafür.

Schengen était une utopie, et un gamin de dix ans aurait pu prédire que vouloir construire un cordon sanitaire autour de vingt-huit États pour empêcher les gens d'entrer était voué à l'échec.

Je suis désolé de vous le dire, mais la Chancelière a commis une faute en annonçant l'accueil de huit cent mille demandeurs d'asile. Certes ce sont des êtres humains, mais en parlant de huit cent mille personnes, ce sont plusieurs millions que l'on attire en réalité. Vous avez raison, il faut ramener la paix en Syrie, mais en l'occurrence, la France et ses alliés ont conduit une politique totalement inappropriée, tandis que, si l'on en croit les propos des services secrets turcs rapportés dans la presse, la Turquie jouait les apprentis-sorciers en livrant aux insurgés contre le régime de Bachar el-Assad l'équivalent de deux mille camions d'armes.

Un mot enfin sur l'Union monétaire. La crise de la Grèce ne fait que débuter, car on a utilisé la cavalerie pour régler le problème. Dans ces conditions, il n'y a qu'une solution, que, j'espère, vous ne prendrez pas en mauvaise part, c'est que l'Allemagne sorte de l'euro ! On en fait pas vivre avec une monnaie unique un pays aussi industrialisé que l'Allemagne et des marchands d'olive. Les propositions anglaises sont à cet égard pleines de réalisme.

Je me félicite cela étant que le peuple allemand et le peuple français soient aujourd'hui des alliés aussi soudés.

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