Mesdames et messieurs, je vous remercie pour vos questions et vos remarques. Je vais maintenant m'efforcer d'en faire la synthèse et d'y répondre, et j'espère que vous me pardonnerez d'être parfois très franc ou insistant dans mes propos.
Je m'étonne qu'en dépit de notre expérience, nous persistions à croire que nous pouvons nous contenter de raconter des contes de fées à nos concitoyens. Même si je sais, moi qui viens du pays des frères Grimm, qu'il y a toujours un fond de vérité dans les contes, je ne vois pas comment on peut encore affirmer que la souveraineté nationale est la seule option possible, la seule façon d'asseoir son pouvoir politique. Ce que l'on peut perdre, c'est ce que l'on a encore entre les mains, et l'Europe n'a pas vocation à compenser ce que perdent les États nationaux. Le rôle de l'Europe doit consister à organiser les choses, à l'heure où, dans un environnement mondialisé, les États nationaux ont perdu leur pouvoir d'organisation. Je ne peux m'exprimer qu'au nom de mon pays, qui est peut-être moins influent que la France, mais je sais qu'en matière de politique extérieure, de politique économique, d'environnement, de protection du climat, et dans bien d'autres domaines importants, l'Allemagne n'est pas suffisamment influente pour pouvoir prendre des décisions seule. Ce n'est pas un discours des années 1960 ou 1970 que je suis en train de vous tenir, monsieur Myard, mais une exhortation à ce que nous restions capables d'agir dans l'environnement mondialisé qui est le nôtre.
Il est une autre légende nous devons balayer : on entend souvent dire que Paris et Berlin font de bonnes choses, tandis que les bureaucrates de Bruxelles seraient les méchants de l'histoire, ce qui est assez peu conforme à la réalité.