Le CNPA représente les entreprises qui forment l'aval de la filière automobile, l'amont étant occupé par les industriels, constructeurs et équipementiers, qui sont regroupés depuis 2009 au sein de la Plateforme automobile (PFA). Nous comptons d'ailleurs proposer que la France adopte une vision systémique de l'amont et de l'aval qui fait défaut aujourd'hui.
L'aval est constitué de 21 métiers très divers, qui vont effectivement de la distribution à la réparation et aux services autour de la mobilité – vous n'avez toutefois pas cité les parcs de stationnement qui peuvent avoir leur importance dans la réflexion sur la mobilité urbaine. Ces activités concernent un peu plus de 100 000 entreprises et, au total, un peu plus de 400 000 emplois.
Nous avons demandé une étude à la Banque de France afin de connaître, en s'appuyant sur des chiffres précis, l'évolution entre 2009 et 2014 des différents métiers, classés en quatre grandes familles parmi lesquelles le commerce et la distribution ou l'après-vente. La filière aval se caractérise par la place qu'occupent les indépendants – 80 % des entreprises ne sont pas liées à l'amont. Autre caractéristique de cette filière, elle compte près de 50 000 très petites entreprises – autoentrepreneurs ou entreprises à zéro salarié –, ce qui impose des exigences fortes en termes de formation et d'évolution de l'emploi pour s'adapter aux mutations de la mobilité et aux nouveaux véhicules.
L'aval représente 400 000 des 600 000 emplois du secteur automobile, soit les deux tiers des emplois.
Lors des États généraux de la filière aval, organisés en mars 2015 à Bercy sous l'égide du ministre, M. Emmanuel Macron, il nous a été demandé de rédiger un Livre blanc de la filière aval. Depuis le mois d'avril, nous avons mené un travail d'analyse, métier par métier, pour identifier les caractéristiques de la filière et pour déterminer les moyens d'en faire un atout pour la transformation des mobilités, de préparer les métiers aux nouvelles technologies et de développer l'emploi.
L'une des caractéristiques des métiers que représente le CNPA tient à leur très grande capillarité. Le petit garagiste en milieu rural, qui souvent répare la voiture mais aussi la tondeuse ou le matériel agricole, est un élément de mobilité et de proximité ; il contribue à l'emploi en permettant à un demandeur d'emploi de se déplacer et à un artisan de travailler en milieu rural. Les mutations de la mobilité préoccupent aussi les territoires ruraux.
Je ne suis pas en mesure de vous présenter aujourd'hui le Livre blanc puisqu'il sera remis officiellement à la fin du mois de janvier mais je peux en dire quelques mots.
Ce Livre blanc rappellera la fiche d'identité des différents métiers. Il doit proposer des pistes pour que ceux-ci se préparent aux mutations qu'implique le passage d'une économie d'usure du véhicule à une économie de l'usage. Il abordera la dématérialisation de la propriété, la gestion de flottes, les systèmes collaboratifs. Il cherchera à répondre à ces questions : comment cette filière, qui est une filière à part entière et pas seulement l'aval des industriels, peut se prendre en charge ? Quels sont les atouts qu'elle peut mettre au service des transitions en cours ?
Ce Livre blanc, intitulé « Un pacte de mobilité », comportera six axes, dont trois axes de transformation : comment préparer les métiers aux évolutions ? Comment faire face aux différentes réglementations et à leurs évolutions ? Comment promouvoir l'emploi et faciliter l'intégration des jeunes à travers des contrats d'apprentissage et des politiques de formation ?
Le CNPA, ce sont aussi des organismes comme l'Association nationale pour la formation automobile (ANFA), et le Groupement national pour la formation automobile (GNFA), qui, du CAP jusqu'au bac + 5, forment à tous les métiers de l'automobile. Comment, à travers ces organismes de formation, va-t-on préparer les jeunes à réparer des véhicules électriques ou à hydrogène ou à gérer des technologies différentes – les véhicules connectés supposent des garages connectés et des services connectés ? Ces nouveaux métiers doivent être mis en place – certains le sont déjà – mais toute la filière doit réussir à former des jeunes pour prendre en charge le véhicule, une fois vendu. Sans des garages et des services connectés, le véhicule connecté mettra du temps à se développer.
Le Livre blanc identifie trois piliers de prospective, à l'horizon 2020, autant de sujets qui sont déjà au coeur de notre actualité : le premier d'entre eux est l'économie circulaire ; l'aval de la filière, c'est avant tout la gestion et l'entretien du parc roulant. Comment entretient-on les véhicules et comment fait-on pour prolonger la vie des véhicules afin d'économiser de la matière première lors de la conception des véhicules ? Comment rendre la maintenance des véhicules beaucoup plus vertueuse en matière de sécurité mais aussi d'environnement ? Le Livre blanc doit comporter des propositions pour « une maintenance verte » des véhicules existants qui sont souvent des véhicules assez anciens – l'âge moyen du parc automobile français est de 8,7 ans. Il faut être conscient que l'impact sur l'environnement ne doit pas être mesuré uniquement pour les nouveaux véhicules mais aussi pour le parc roulant.
1,8 million de véhicules neufs avec des technologies récentes, respectant les normes Euro 5 ou Euro 6, faiblement émetteurs de gaz à effet de serre ou de particules, sont mis sur le marché tandis que l'aval doit prendre en charge un peu plus de 38 millions de véhicules en service aujourd'hui.
Il ne faut pas non plus oublier la fin de vie des véhicules, avec le système de collecte et de recyclage ; ces branches – la collecte, les pneumatiques usagés, les pièces de réemploi ou encore les véhicules hors d'usage (VHU) – sont extrêmement importantes. La filière aval a un rôle à jouer pour assainir les activités de collecte. On sait très bien que subsistent encore beaucoup de zones d'ombre, en dépit de la réglementation, européenne ou française, qui proscrit la destruction sauvage de véhicules ou les marchés parallèles de pièces et de pneumatiques. On connaît les circuits qui permettent aux véhicules ou aux pièces de revenir en France.
Deuxième pilier prospectif, le numérique. L'apparition du véhicule connecté implique des mutations dans les garages et les services afin d'être en mesure d'établir un diagnostic intelligent et de réparer le véhicule, voire le remettre dans l'état initial, l'ambition n'étant pas seulement de faire rouler le véhicule. Nous pourrons aborder la question du contrôle technique, sujet majeur.
Dernier pilier, les énergies alternatives – le véhicule électrique, le véhicule à hydrogène – sur lesquelles nous pourrions nous engager fortement. Quelles peuvent être les ambitions sur ce sujet ? Quels sont les modes de financement que nous envisageons pour pouvoir déployer ou expérimenter ces innovations dans certaines régions ?
Enfin, nous proposons au ministre, sous l'égide du comité stratégique de filière, la création d'une plateforme de la mobilité, aux côtés de la PFA, qui prenne en compte l'ensemble des métiers de l'aval dont le rôle est extrêmement important dans la gestion du parc automobile.