Intervention de Sébastien Mosneron Dupin

Réunion du 15 décembre 2015 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Sébastien Mosneron Dupin, directeur général d'Expertise France :

Monsieur le député, je comprends votre remarque, mais je crains que les études statistiques ne portent généralement sur l'espérance de vie à la naissance. Je vous donne acte du fait que l'enjeu se situe principalement avant cinq ans. La qualité du système de soin tout au long de la vie joue ensuite.

Monsieur André Schneider, je vous remercie pour vos mots aimables concernant les succès de l'agence. Tout le mérite en revient aux salariés. Une année de fusion est toujours éprouvante : les cultures d'entreprise étaient extrêmement différentes, les lieux, les habitudes de chacun, les rythmes de travail, et les process ont changé. Les équipes se sont engagées à fond et elles ont fini par obtenir 15 % de croissance ; je leur tire mon chapeau pour la façon dont elles ont triomphé d'un exercice périlleux. Même si elles ont parfois la dent dure contre leur direction générale, elles ont les yeux qui brillent lorsqu'elles parlent de leurs projets. Elles sont composées de passionnés et des professionnels enthousiastes.

Monsieur Jacques Myard, je ne me prononcerai ni sur la politique gouvernementale ni sur l'alternative entre bilatéral et multilatéral ni sur la continuité du choix de l'intégration européenne. Je ne conteste pas vos propos quand vous affirmez que je construis un instrument de captation de nos propres contributions, et que je cherche, en quelque sorte, un taux de retour. Non seulement, c'est mieux que rien, mais il ne faut surtout pas négliger l'effet de levier : parce que nous sommes l'un des principaux acteurs européens de la coopération au développement, de fait, nous captons une partie des contributions des autres pays en la matière.

Sans faire de commentaire sur une quelconque « balkanisation », je me permets de souligner que la création d'Expertise France résulte de la fusion de six opérateurs : il me semble donc plutôt que nous contribuons à une « débalkanisation ». J'ajoute que, dans le secteur concurrentiel dans lequel évolue Expertise France, notre statut nous permet de bénéficier d'une certaine souplesse commerciale et d'entreprendre des actions qui seraient interdites à une administration de l'État – je pense par exemple à la possibilité de travailler en consortium avec des opérateurs privés ou publics, comme la Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) allemande ou l'agence espagnole de coopération internationale pour le développement.

Monsieur Michel Terrot, les avantages comparatifs de l'expertise publique française existent bien. Nous bénéficions d'une renommée internationale dans certains secteurs comme la santé, le développement durable, l'urbanisme, la sécurité, ou la protection civile qui constitue un enjeu majeur en Afrique. Sur ces sujets, on vient nous chercher. Nous sommes aussi particulièrement performants dans le domaine statistique. Nous venons de remporter les trois principaux appels d'offres européens pour la construction d'instituts statistiques en Afrique, dans la zone méditerranéenne, et dans l'Est européen. Les appels d'offres remportés dans cette matière depuis deux mois représentent 13 millions d'euros.

Nous sommes également leaders dans la lutte contre la piraterie maritime : nous savons faire travailler ensemble les douaniers, les policiers et les marins. Nous exportons ce savoir-faire français en matière d'organisation de l'État en mer, et nous recrutons de jeunes retraités, amiraux et préfets maritimes, qui deviennent chefs de projets et travaillent avec des experts dans le golfe de Guinée.

Nous sommes très présents dans certains secteurs, et nous cherchons notre place dans d'autres. Je pense par exemple que nous ne sommes pas du tout au niveau qui devrait être le nôtre en matière d'expertise publique agricole. La France avait une longue tradition de coopération dans le domaine agricole dans lequel elle dispose encore de savoir-faire et d'expertises. Nous allons essayer de nous développer dans ce secteur en travaillant avec le ministère de l'agriculture et l'un de ses opérateurs, l'agence pour le développement de la coopération internationale dans les domaines de l'agriculture, de l'alimentation et des espaces ruraux (ADECIA). Il s'agit d'un enjeu majeur en termes de sécurité alimentaire.

À ce jour, dans le domaine de l'expertise publique, je n'ai jamais rencontré de concurrent chinois. La Chine dispose pourtant d'une forte expérience du développement très rapide qui devrait pouvoir s'exporter en Afrique où elle est très présente grâce à ses financements. Je n'ai pas vu d'appel d'offres récent auquel aurait concouru un bureau d'études chinois. En Afrique, la France dispose de points forts par rapport à la Chine : notre intimité avec le continent, la pratique d'une langue commune… À l'avenir, je suis certain que, dans le domaine du renforcement de capacités, nous rencontrerons des bureaux d'études chinois ; aujourd'hui, notre vieille démocratie et notre longue expérience en matière de politique publique séduisent encore suffisamment nos partenaires du Sud et de la Méditerranée pour qu'ils s'adressent à nous.

Pour ce qui est de la Syrie, monsieur Thierry Mariani, à partir d'un financement du centre de crise d'environ 300 000 euros, nous sommes parvenus à obtenir 5 millions de la Commission européenne, de l'agence japonaise de coopération (JICA), et du Department for International Development (DFID) anglais. Nous poursuivrons notre action, en partenariat avec la GIZ, à partir de financements provenant de la Commission ainsi que dans les prochains mois du fonds fiduciaire de l'Union européenne en réponse à la crise syrienne, dit « fonds Madad », pour une vingtaine de millions d'euros. Nous agissons à la fois en Syrie et en Turquie, pays qui reçoit plus de trois millions de réfugiés syriens sur son territoire et demain au Liban et en Jordanie. Nous intervenons au nord de la Syrie, contrôlé par les forces modérées, à partir de la ville turque de Gaziantep : en raison du danger, nos partenaires syriens traversent la frontière mais pas nos salariés.

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