L'important plan de soutien à l'élevage s'est déployé en deux phases – en juillet puis en septembre, à la suite des nombreuses manifestations de l'été. Vous l'avez rappelé, monsieur le ministre : 40 000 dossiers ont été déposés dans les cellules de crise, dont 30 000 ont déjà été traités. C'est dire l'état d'urgence dans lequel se trouvent une grande partie des éleveurs. Les mesures visant à favoriser la contractualisation, à soutenir les exportations et à renforcer l'origine des viandes ainsi que les diverses aides vont dans le bon sens, et les agriculteurs l'ont compris.
Un écueil majeur demeure néanmoins : celui du prix. Les producteurs de lait, en particulier, sont très inquiets de la nouvelle baisse annoncée des prix du lait en début d'année, même s'ils sont parfaitement conscients des contraintes liées au caractère mondialisé du marché.
L'agro-écologie, que nous avons défendue dans la loi d'avenir, est entrée dans les moeurs. En Dordogne, du moins, nombreux sont les agriculteurs qui y adhèrent, car ils ont compris qu'ils réaliseraient des économies et des gains de productivité considérables en limitant les intrants. Dans ma commune, les couvertures hivernales de moutarde sont prêtes – et même encore fleuries, car le climat est doux et les gelées tardent. La rotation des sols fonctionne et les agriculteurs adoptent des techniques culturales plus respectueuses qui permettent d'enrichir les sols. Cela se pratiquait déjà dans d'autres régions, mais la crise économique pousse désormais les agriculteurs à rechercher des solutions nouvelles pour rentabiliser davantage leurs exploitations. Je m'attends donc à de bonnes surprises en matière d'écologie – nous en débattrons au colloque que vous organiserez sur ce thème au mois de février.
Malgré les dispositions relatives au foncier que contient la loi d'avenir, je fais le constat suivant : rien ne change. La pression foncière est toujours aussi forte et tous les terrains qui se libèrent sont consacrés à des agrandissements. En Dordogne, j'ai lancé, à l'occasion de la refonte du guide des aides, un plan avec les collectivités territoriales pour les inciter à acquérir des parcelles et à créer des zones d'aménagement différé, car nul autre qu'elles n'endossera ce rôle. Il faut en effet que les élus municipaux s'emparent de cette responsabilité économique – qui échoit actuellement aux agriculteurs – même s'ils peinent souvent à prendre conscience qu'ils ont un rôle économique à assumer. Ils le font pourtant dans d'autres domaines au moyen de dispositifs tels que les multiples ruraux pour maintenir des commerces, les zones artisanales et l'immobilier d'entreprise ou encore les maisons pluridisciplinaires de santé ; dans le monde agricole, en revanche, ils ne parviennent pas à sauter le pas, malgré l'importance du rôle qu'ils ont à y tenir.
Nous pouvons nous réjouir de l'accord obtenu par la COP21 et du plan de stockage de carbone dans les sols, qui enclencherait un cercle vertueux.
Nous espérons, monsieur le ministre, la tenue de la Conférence nationale des retraites agricoles. Vous m'avez indiqué que vous souhaiteriez la réunir avant le salon de l'agriculture ; elle est attendue et correspond à un engagement du Président de la République.
Dernier point : la grippe aviaire. D'abord apparue en Dordogne, elle s'est étendue à la Haute-Vienne, puis au Gers, aux Pyrénées-Atlantiques et aux Landes, et il est à craindre qu'elle ne touche tout le grand Ouest de la France. Faute d'autres options, c'est l'abattage systématique qui est aujourd'hui privilégié. La filière avicole s'en trouve très affectée : comment sera-t-elle indemnisée ?