Comment l'État accompagnera-t-il les associations d'organisations de producteurs ?
D'autre part, quelles sont les propositions que vous formulez au niveau européen comme au niveau national en matière de volatilité des prix ? La France peut sans doute mobiliser l'un ou l'autre des piliers européens, mais il faut peut-être imaginer une régulation européenne des prix.
La production porcine est importante dans ma région. La France produit plus de 20 millions de porcs chaque année ; or la production européenne augmente de 2,5 % par an. Depuis quelques années, certains de nos voisins nous dament le pion dans ce secteur : c'est préoccupant. Il est vrai, comme vous l'avez justement expliqué, monsieur le ministre, que la valeur ajoutée créée par les éleveurs est mal répartie. La France est-elle déterminée à maintenir son potentiel de production agricole, notamment en Bretagne ? La crise de l'élevage n'est-elle pas l'occasion d'afficher en toute clarté notre volonté d'harmoniser les installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) ? Certaines avancées ont déjà été réalisées lors de votre prise de fonction ; le temps n'est-il pas venu de les harmoniser à l'échelle européenne ?
Dans le secteur agricole comme dans le secteur agro-alimentaire se pose la question des travailleurs détachés. Les entreprises européennes de travail temporaire qui « fournissent » des travailleurs dont le niveau de rémunération et de cotisations sociales est faible sont à l'origine d'une véritable distorsion de concurrence pour la France et, surtout, créent un problème d'emploi. Les 500 000 travailleurs détachés en France occupent des emplois qui pourraient être confiés à une main-d'oeuvre française si les entreprises françaises d'intérim étaient aussi compétitives que leurs concurrentes roumaines et autres.
Une récente mission que j'ai effectuée à Bruxelles avec Mme Annick Le Loch et M. Damien Abad a confirmé mes inquiétudes : le Gouvernement est-il bien déterminé à exiger des avancées sur l'étiquetage ? L'Europe n'y semble guère disposée : la question est pourtant cruciale. Vous avez raison de défendre le « produit en France », mais l'Europe y est opposée.
Où en sont les discussions concernant l'embargo russe ? Le manque à gagner de la filière porcine s'élèverait à 3 milliards d'euros, soit 50 000 tonnes.
Enfin, on parle peu des négociations du traité transatlantique. Il concerne pourtant les consommateurs – qu'il s'agisse de traçabilité, d'étiquetage, de transparence, de qualité des produits et de sécurité sanitaire et alimentaire –, mais aussi les entreprises françaises et européennes à qui l'on doit permettre de se battre à armes égales avec leurs concurrentes. Puisque nous sortons d'une période électorale, c'est sans doute l'occasion d'expliquer à nos compatriotes que la mondialisation des échanges ne permet pas à la France de s'isoler et de fermer ses frontières, car si les productions agricoles sont naturellement liées aux terroirs et aux territoires, elles s'inscrivent aussi dans des flux d'échanges mondialisés.