Intervention de Didier le Bret

Réunion du 8 décembre 2015 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Didier le Bret, coordonnateur national du renseignement :

Monsieur Pueyo, s'agissant de l'espace Schengen j'ai malheureusement le sentiment que l'entrée dans l'Union européenne est assez aisée. Cela ne remet pas en question l'Europe conçue par les pères fondateurs mais, en considérant que confier le contrôle des frontières aux États qui forment le limes européen suffirait à notre sécurité, nous nous sommes mépris, on le constate aujourd'hui.

Les services de police et de gendarmerie forment effectivement le maillage territorial qui fait remonter de nombreuses informations sensibles. Il conviendrait de renforcer les liens de ce réseau avec la communauté du renseignement, notamment dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. La plateforme de signalement a été conçue de la sorte, de manière que les préfets puissent faire intervenir les services déconcentrés de l'État pour une prise en charge psychologique ou sociale – il faut agir bien avant que l'on en soit à s'interroger sur les moyens de la déradicalisation.

Sans remettre en cause la tradition jacobine et une conception régalienne de la souveraineté des services de renseignement, le rôle joué par les élus doit effectivement pouvoir être renforcé. Je suis, en effet, convaincu que l'on se prive aujourd'hui de leviers importants. Certes, il ne faut pas interférer dans les enquêtes, mais pourquoi se priver de la connaissance du terrain qui caractérise les élus, et de leur capacité de dialogue préventif ? Il y a sans doute là un gisement insuffisamment exploité. Beaucoup dépend des préfets : ils peuvent prendre des initiatives visant à entraver la radicalisation.

L'intégration du renseignement pénitentiaire dans le « second cercle » de la communauté du renseignement a été écartée lors du débat parlementaire sur le projet de loi relative au renseignement. Même si la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) travaille avec le renseignement pénitentiaire, les moyens de ce dernier sont encore limités. Sa montée en puissance en tant que service de renseignement relève d'une décision politique.

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