Mon inquiétude tient au recrutement des surveillants pénitentiaires. Ainsi, au centre pénitentiaire de Moulins-Yzeure, la femme d'un de ceux qui gardent les prisonniers les plus dangereux est voilée ; d'autres jeunes recrues parlent en arabe vernaculaire avec les détenus, ce qui crée des clivages redoutables au sein des équipes. Que dire encore des portiques de détection qui ne fonctionnent pas au moment des visites ? Que penser du fait que l'administration pénitentiaire ne peut utiliser ses chiens lors de certaines missions et qu'elle doit faire appel à la gendarmerie ?
Pour ce qui est de nos alliances, il est assez surprenant de constater que tout se passe comme si l'on n'écoutait jamais les discours de M. Erdogan ; ils sont pourtant assez clairs. D'autre part, il est inquiétant d'apprendre que nous sommes à ce point dépendants d'une source unique de renseignement – les États-Unis, qui jouent un jeu extrêmement dangereux et qui sont en grande partie responsables de ce qui se passe aujourd'hui en Syrie, comme ils l'ont été en d'autres temps de la création d'Al Qaïda. Daech compte en son sein 5 000 combattants tchétchènes, et je n'oublie pas les enfants assassinés à Beslan ; dans ce contexte, avez-vous enfin pris des contacts avec vos homologues russes et se renforcent-ils ? Étant donné le revirement de la politique étrangère française, échangerez-vous des officiers et des informations avec les services de Bachar el-Assad ?
Le combat qu'il nous faut mener est avant tout idéologique, et l'emploi du terme « radicalisation » fait le jeu des islamistes. Pour moi, il y a une rupture idéologique, psychologique et théologique, en particulier avec le wahhabisme, ce poison du sunnisme. Or, nous agissons toujours en réaction. Que proposez-vous en matière de guerre psychologique, pour empêcher que certains jeunes Français, dans une société sans transcendance et sans espoir, considèrent avoir la violence pour seul recours?