Intervention de Pascale Got

Séance en hémicycle du 11 janvier 2016 à 21h30
Débat sur l'évaluation de la politique d'accueil touristique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascale Got :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, je voudrais souligner plusieurs éléments. Le tourisme est mieux considéré : érigé en grande cause nationale, il a trouvé un nouvel élan. Le Conseil de promotion du tourisme a été mis en place, et les grands axes de sa feuille de route ont été respectés. La crise économique conduit les uns et les autres à considérer le tourisme comme une économie réelle, et non comme une économie de substitution. La loi NOTRe organise l’action des collectivités dans ce secteur, tout en respectant la pluralité des acteurs sur les territoires. Ici même, dans cet hémicycle, nous sommes plus souvent amenés à discuter du tourisme, comme nous le faisons ce soir. Je crois que tous ces éléments convergent dans le bon sens.

Les chiffres sont aussi là pour le démontrer. La hausse de la fréquentation est confirmée au troisième trimestre 2015, en particulier pour les nuitées hôtelières des clients étrangers et pour les hébergements touristiques collectifs. Les annonces de fréquentation record faites cet été ont été suivies d’effet. D’ailleurs, le littoral joue toujours en France un rôle moteur d’attractivité : il connaît une hausse de fréquentation de 5 % par rapport à 2014. Il faut également souligner l’importance du tourisme en outre-mer, que 1’on n’évoque jamais assez.

Ces bons chiffres découlent aussi des efforts de valorisation de nos territoires, dans toute leur diversité, autour des atouts touristiques très spécifiques de la France, qu’il s’agisse de la gastronomie, de l’oenologie, de l’hôtellerie ou des paysages. Les contrats de destination y participent, monsieur le secrétaire d’État. Ce sont des outils très prometteurs : ils fédèrent, coordonnent et engagent de nouvelles dynamiques autour de marques fortes. C’est le cas en Gironde, avec la marque Bordeaux articulée autour de l’oenotourisme et de l’itinérance, notamment fluviale. Vous avez pu en juger par vous-même, monsieur le secrétaire d’État, lors de votre déplacement en Gironde : vous avez annoncé, entre autres, les dernières-nées des routes des vins. Nos espaces naturels et nos savoir-faire doivent aussi être au centre du jeu touristique.

Nous gardons toutefois des maillons faibles. Nous devons améliorer notre politique d’accueil – cela a été dit – et la qualité de nos hébergements, souvent anciens. Nous devons aussi requalifier nos services en meilleure adéquation avec les nouvelles pratiques des visiteurs français ou étrangers. Je pense par exemple à la couverture réseau, qu’il convient d’intensifier dans le cadre du développement du e-tourisme. Mais je sais aussi que le Gouvernement travaille en ce sens.

Je note aussi que l’information touristique et l’offre de transports, en particulier dans les aéroports, ont été fortement améliorées. Plusieurs chantiers ont été engagés, notamment celui de la ligne Charles-de-Gaulle Express qui est attendue depuis vingt ans.

Permettez-moi d’ajouter quelques mots au sujet des événements tragiques du mois de novembre dernier, qui doivent nous aider à maintenir et à affiner notre vigilance sur les dispositifs de sécurité visant à rassurer non seulement les touristes étrangers, mais aussi les touristes français. Le succès de l’organisation de la COP21 et, dans quelques mois, de l’Euro 2016 de football prouve bien que la France peut poursuivre l’accueil d’événements mondiaux. Je salue l’ensemble des services de l’État qui y participent.

Il reste toutefois des efforts à faire, notamment en termes de consommation touristique. Même si cette dernière a progressé de près de 2 %, avec certainement une augmentation plus forte pour les touristes étrangers, à hauteur de 3,7 %, la France, première destination mondiale, reste toujours au troisième ou quatrième rang en termes de recettes. Il y a là un différentiel à combler. Il faudra d’ailleurs examiner avec attention le bilan des douze zones touristiques internationales issues de la loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques.

De nombreuses mesures ont été mises en oeuvre en 2015, autour de quatre axes prioritaires : l’accueil, la formation, le numérique et l’investissement. Je me réjouis notamment de la création de la Conférence des formations d’excellence, qui était appelée de ses voeux par le groupe de travail que j’ai piloté sur l’école de tourisme. J’aimerais vous interroger, monsieur le secrétaire d’État, sur l’état d’avancement de ce projet majeur et prometteur.

Un autre chantier important mérite d’être mentionné : celui de la régulation des nouveaux modes d’hébergement, avec l’entrée sur le marché de l’hébergement particulier. De nombreuses orientations apparaissent : je pense notamment au recouvrement de la taxe de séjour par la plate-forme de location et à l’obligation d’information sur les déclarations fiscales. Il faut poursuivre cette réflexion : des attentes existent de part et d’autre.

Enfin, ce bilan positif en matière de tourisme doit susciter de nouvelles initiatives. Comment mieux articuler la promotion internationale du tourisme français et le soutien aux métiers du tourisme ? Comment simplifier le droit du travail pour améliorer l’apprentissage, la formation et la situation des travailleurs saisonniers ? Je vous invite à saisir à nouveau les propositions du rapport Nogué sur le développement de l’emploi dans le secteur du tourisme : plusieurs pistes de simplification y sont proposées.

Après la remise, en juin dernier, du rapport général du Conseil de promotion du tourisme, je ne doute pas que la nouvelle feuille de route de cette instance pour 2016 pourra éclairer ces différents points et que vous pourrez, monsieur le secrétaire d’État, nous en donner la confirmation.

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