Intervention de Marc Meunier

Réunion du 16 janvier 2013 à 9h00
Commission des affaires sociales

Marc Meunier, directeur général pressenti de l'EPRUS :

Je suis devant vous, comme l'a rappelé Mme la Présidente, pour présenter ma candidature au poste de directeur général de l'EPRUS. À 51 ans, mon parcours professionnel est assez varié, mais a comme fil conducteur le service public, le domaine médical et l'organisation d'actions opérationnelles. Ma formation initiale est celle de docteur vétérinaire, je suis très rapidement entré dans l'administration, d'abord comme inspecteur vétérinaire sur le marché de Rungis où je m'occupais d'inspection sanitaire et de salubrité avec des horaires un peu particuliers qui m'ont permis de suivre une formation à l'Institut d'administration des entreprises de Paris. Ensuite, par l'intermédiaire du ministère de la coopération, je suis parti au Sénégal comme directeur administratif et financier dans une société d'élevage à laquelle participait l'État français, expérience particulièrement intéressante.

À mon retour en France, j'ai repris mon métier de vétérinaire inspecteur, dans le domaine de la santé animale cette fois, en Dordogne. Dès lors mon contact avec le monde préfectoral m'a conduit à vouloir l'intégrer. Aussi, à ma sortie de l'ENA, je suis devenu administrateur civil au ministère de l'intérieur. J'ai alors occupé les différents postes classiques d'un sous-préfet : directeur de cabinet du préfet du Cher, sous-préfet d'arrondissement dans le Lot et secrétaire général de la préfecture de la Manche, parcours entrecoupé d'une mobilité en administration centrale au ministère de l'intérieur comme adjoint au sous-directeur de l'action sociale. Ensuite, sous-directeur de l'éducation routière au ministère des transports, puis de l'intérieur, je m'occupais du permis de conduire, dans ses aspects formation et examen, et notamment de la gestion des 1 300 inspecteurs du permis de conduire. En mai 2012, Mme Marisol Touraine m'a appelé à son cabinet pour participer à sa mise en place et aux premiers mois de son fonctionnement. Elle m'a récemment proposé le poste de directeur général de l'EPRUS.

Comme vient de le rappeler Mme la Présidente, l'EPRUS est un opérateur de l'État qui s'occupe de logistique avec deux volets particulièrement importants, la gestion au plan national des stocks de produits et de médicaments destinés à faire face à des crises ou des menaces sanitaires majeures et la mise en place d'une Réserve sanitaire. Les derniers chiffres dont je dispose la concernant sont un peu moins élevés que ceux que vous avez cités, madame la Présidente, puisqu'on estime aujourd'hui le nombre de réservistes sanitaires autour de 6 à 7 000. Ce sont des volontaires issus de différents milieux, hôpitaux ou sécurité civile, des professionnels ou anciens professionnels médicaux, des étudiants en médecine ou des professions paramédicales.

L'établissement doit être en mesure de mettre sur le terrain des hommes, des matériels ou des produits extrêmement rapidement pour répondre à des crises sanitaires qui peuvent être de plusieurs ordres : menaces terroriste, biologique, chimique, nucléaire, radiologique mais aussi pandémies comme la grippe aviaire, catastrophes naturelles ou encore épisodes de canicule ou de grand froid, en France. Son action se fait sur le plan national, mais également à l'étranger, comme ce fut le cas ces dernières années pour plusieurs opérations.

Ce poste m'intéresse à un double titre. D'abord ma formation médicale trouve ici à s'appliquer. Vétérinaire, j'ai eu l'occasion dans l'administration de préparer plusieurs plans de lutte contre certaines maladies animales, comme la fièvre aphteuse, qui ressemblent aux plans de lutte contre les maladies humaines, avec évidemment quelques différences, heureusement, en termes de mises en oeuvre et de finalités… Sous-préfet, j'ai en aval, participé à des exercices, notamment de sécurité nucléaire, puisque j'étais dans des départements ou le nucléaire tenait une place importante. J'ai aussi pris en charge des opérations de secours dans un certain nombre de circonstances, vous vous souvenez peut-être, par exemple, du sauvetage des spéléologues disparus dans un gouffre à Gramat en 1999 pendant dix jours. J'ai également eu à gérer les conséquences d'épisodes neigeux, notamment sur l'autoroute A 13 en Normandie, autoroute supportant bien la pluie, mais nettement moins la neige. Il a fallu passer des nuits en poste de secours pour venir en aide aux automobilistes bloqués. J'ai également une bonne expérience de l'interministériel et du travail en coordination, ayant appartenu à différents ministères : agriculture, coopération, transports, intérieur, santé… Enfin, mes dernières fonctions au cabinet de Mme Marisol Touraine ont complété ma connaissance du monde de la santé en me permettant d'y créer un réseau et d'y avoir des correspondants.

Le poste de directeur général de l'EPRUS constitue une suite logique de mes fonctions antérieures, cohérente dans mon parcours professionnel et correspondant à un domaine qui m'a toujours attiré.

J'en viens à la façon dont j'envisage mes nouvelles fonctions. L'EPRUS est un organisme relativement jeune, datant de 2007, il est encore en phase de montée en puissance. Sa mise en place a été à la fois perturbée et accélérée par l'épisode de pandémie grippale que nous avons connu en 2009, puisque l'établissement n'était pas encore complètement prêt alors. L'accent a été surtout mis pendant ses cinq premières années sur l'organisation interne, les procédures et leur sécurisation que ce soit pour l'acquisition, le stockage ou la distribution des médicaments avec de nombreux dispositifs mis en place pour évaluer les stocks et lisser leur acquisition dans le temps. Pour la Réserve sanitaire, comme l'a rappelé Mme la Présidente, une forte campagne de communication a permis en quelques mois d'augmenter de manière significative le nombre de réservistes. Mon action va s'inscrire et poursuivre ce travail de mise en place de la structure de l'établissement.

Il convient aussi de s'intéresser maintenant aux actions et au positionnement de l'EPRUS par rapport aux autres acteurs, nombreux, de la sécurité civile, les hôpitaux, la sécurité civile, le service de santé des armées. Un travail important de coordination, de partenariat, de mise en commun, tant des pratiques que des stocks ou des savoir-faire, est à réaliser. L'EPRUS, qui est une petite structure, a ici un rôle important à jouer, puisqu'il s'appuie sur ces différents acteurs sans en avoir la culture et est donc plus souple pour exploiter les atouts des uns et des autres et mettre en place des équipes performantes sur le terrain. L'EPRUS a toute sa place dans ce travail de coopération horizontale entre les différents acteurs mais aussi de coordination verticale. Le niveau régional, mais surtout zonal, prend de l'importance dans la gestion des crises avec les agences régionales de santé (ARS) et préfets de zone. L'EPRUS doit ici à la fois faire jouer le principe de subsidiarité, et ne pas se substituer à ce qui est très bien fait à l'échelon local, mais aussi organiser et apporter son expertise au service de ces acteurs locaux, en particulier en matière de condition de stockage des médicaments, de marchés publics de commandes de médicaments ou de produits de santé. Pour résumer, je me fixe donc pour objectif de poursuivre le développement de l'EPRUS afin de mieux organiser en France la réponse aux crises sanitaires dans un contexte budgétaire relativement difficile, en exploitant au mieux les capacités de chacun des acteurs concernés.

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