Intervention de Nadia Ghedifa

Réunion du 16 janvier 2013 à 10h15
Commission des affaires économiques

Nadia Ghedifa, directrice générale de la société SECAFI :

Le travail que nous menons consiste en une série d'expertises, conduites par nos collaborateurs, qui représentent à peu de chose près toutes les fonctions de l'entreprise car il est nécessaire d'avoir un point de vue sur tous les aspects qui constituent la stratégie de l'entreprise et ses différentes mises en oeuvre opérationnelles. L'essentiel de notre travail a consisté sur la période d'aout à décembre à alterner des phases d'expertise et des phases d'appui à la concertation. Les représentants du personnel sont en effet demandeurs d'expertises mais aussi d'appui pour la concertation avec les dirigeants de l'entreprise ou même parfois entre les organisations syndicales ou les différents sites concernés. Nous avons eu accès à des informations particulièrement sensibles qui nous conduisent à préserver une certaine confidentialité à leur égard afin notamment de pouvoir continuer à avoir accès à de telles informations indispensable à notre travail et pour que les partenaires sociaux nous fasse confiance.

Sans déflorer les éventuelles évolutions stratégiques intervenues depuis la publication de notre rapport, je souhaite m'appesantir sur un certain nombre d'éléments qui sont d'autant plus vrais aujourd'hui. Comme vous le savez, la position concurrentielle de PSA est fortement challengée sur ses marchée mais aussi sur ses technologies et ses positionnements, il importe de comprendre pourquoi nous sommes arrivés à une telle situation et quels sont les écueils auxquels ont été confrontés l'entreprise. Le premier point sur lequel je souhaite insister est que le groupe n'a pas pris la mesure des moyens nécessaires à la diversification géographique ainsi qu'à l'adaptation aux changements de comportement de consommation. Cette question concerne le positionnement sur des territoires tiers en dehors de l'Europe ainsi que le positionnement sur les gammes de produits et la façon dont on organise les marques.

Il y a eu des soutiens gouvernementaux à la consommation de véhicules neufs qui ont certes apporté un répit temporaire mais n'ont pu empêcher, la crise se poursuivant, que les difficultés structurelles rejaillissent et mettent l'entreprise au pied du mur. Historiquement Peugeot a fait de l'Europe du sud son territoire privilégié de vente et est donc plus exposé que les autres fabricants aux évolutions de cette région. Il s'avère aujourd'hui que ces territoires sont les plus touché par la baisse des immatriculations. Or il s'avère que PSA est le constructeur le plus structurant pour la filière automobile française mais il convient également de souligner qu'il ne peut à lui seul soutenir cette filière. Pour vous donner un ordre d'idée, les seuls sites d'Aulnay et de Rennes induisent de l'ordre de 10.000 emplois. Par ailleurs Peugeot peine à saturer ses capacités de production.

Les résultats de Peugeot ont clairement plongé et le groupe dispose désormais de moins de moyens pour financer les investissements qui sont pourtant essentiels pour asseoir une politique produit et un positionnement concurrentiel qui lui sont nécessaires. Il ne dispose plus des moyens de ses ambitions stratégiques qui sont fondées sur trois leviers, l'internationalisation, la résistance en Europe et la montée en gamme. Mais peut-être est-il envisageable de considérer que le positionnement privilégié en Europe du sud, qui fait actuellement l'objet de nombreuses critiques, doit être néanmoins préservé car il constitue un élément différenciant. Le groupe PSA ne peut pas compter sur les revenus de ses activités internationales, contrairement à d'autres groupes, en raison de délai nécessaire pour obtenir un retour sur investissements que nous estimons devoir intervenir aux environs de 2015 à la suite des prévisions établies en lien avec la Direction du groupe.

En tout état de cause, les plans d'économies et de restructuration, qui d'ailleurs succèdent à des plans précédents depuis 2012, prévoient un retour à l'équilibre en 2014. Les sources de réduction des coûts sont connues, il s'agit du plan social, du plan de redéploiement des effectifs à hauteur de 11.500, des coupes budgétaires en dépenses d'avenir et en particulier sur les dépenses de R et D, des arbitrages sur le plan produits et des économies liées aux premiers effets de l'alliance avec GM. Comme vous le savez le groupe a également entamé une série de cessions ainsi qu'une augmentation de capital, la trésorerie est assurée par le recours à des emprunts dont plusieurs arriveront à échéance d'ici 2015 ce qui rend d'autant plus important le retour à l'équilibre financier en 2014. Le groupe est plutôt confiant dans sa capacité à lever des fonds sur les marchés obligataires même si la notation de l'entreprise rend la démarche à la fois plus difficile et plus coûteuse. Selon nous le plan présenté par le groupe PSA n'aborde pas deux questions susceptibles de remodeler la physionomie du groupe, à savoir la réflexion sur les marques et leur positionnement et l'approfondissement de l'alliance, ou le développement d'autres alliances, alors qu'une étape semble franchie en ce domaine. Sur le plan social, plusieurs sujets nécessitent selon nous une concertation plus importante, le premier concerne l'exemplarité de la revitalisation sur les sites concernés et Aulnay en premier lieu, le second concerne le site de Rennes qui est en sous-charge conjoncturelle jusqu'à la fin 2016 et doit ensuite retrouver une activité plus soutenue ; il est nécessaire de trouver des process innovants pour consolider la période transitoire avec un maintient que nous avons chiffré à 555 emplois sur les 1400 suppressions de poste annoncées. Dernier point, pour sécuriser le retour à l'emploi car certains personnels ont besoin de reconversion longue, il nous parait nécessaire d'innover avec un dispositif qui mutualise les moyens et permet d'assurer un repositionnement professionnel.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion