Intervention de Emmanuel Sartorius

Réunion du 16 janvier 2013 à 10h15
Commission des affaires économiques

Emmanuel Sartorius :

S'agissant tout d'abord de la stratégie du groupe, il est vrai qu'on peut aujourd'hui la trouver mauvaise, mais il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un jugement rétrospectif et que la situation actuelle n'était pas nécessairement aisée à prévoir à prévoir. Ensuite, le groupe a connu des problèmes de management au plus haut niveau puisque ce sont trois directeurs généraux qui se sont succédé en moins de trois ans. Je tiens à préciser qu'il ne s'agit pas de ma part d'un jugement sut la valeur de ces personnes, mais uniquement un constat : l'instabilité du management en temps de crise où des décisions importantes en matière de stratégie doivent être prises a été une difficulté supplémentaire pour PSA.

S'agissant du développement international, qui n'est d'ailleurs pas antinomique mais au contraire complémentaire du développement français, il demande des marges de financement importantes, qui PSA n'est pas à même de dégager. Il lui faut donc un partenaire solide. Cela aurait pu être GM, mais il semble que les ambitions du groupe américain aient récemment été revues à la baisse en ce qui concerne les investissements dans PSA.

Vous avez évoqué le terme de cannibalisation, c'est effectivement un terme que j'ai employé dans le rapport pour qualifier la situation de PSA et la concurrence de modèles similaires entre Peugeot et Citroën.

Plusieurs d'entre vous ont évoqué la montée en gamme comme une solution possible à la crise que vit PSA. Il s'agit en effet d'une idée séduisante, mais qui se révèle difficile à mettre en pratique. L'exemple de la marque Audi montre que la construction d'une image de marque prend du temps. Il aura fallu presque vingt ans au groupe Volkswagen pour modifier durablement l'image d'Audi en marque Premium. Une montée en gamme et la construction d'une réputation sont des éléments longs à développer et qui demandent un conséquent investissement financier – environ 1 Md€ pour le développement d'un modèle Premium.

S'agissant de la question sur la success-story Volkswagen et sa possible adaptation à la France, je serais très mesuré. Il faut garder à l'esprit que ce groupe a connu d'importantes difficultés en 2004 et 2005. Tous les grands groupes automobiles, Ford, Chrysler, GM, ont connu, à un moment ou à un autre de leur histoire, des crises majeures et ont su adapter leur modèle économique et industriel. Je ne pense donc pas qu'il faille tirer de conclusions définitives du modèle qu'offre aujourd'hui Volkswagen.

On m'a interrogé sur le rapport que j'ai rédigé en 2011 sur les sociétés françaises d'ingénierie et de conseil en technologies. Il vise une catégorie très particulière d'entreprises, telles qu'ALTRAN ou ALTEN. Il se trouve que pour ces entreprises où 80 % , il existe en effet des différences entre l'Allemagne et la France. Mais mes conclusions ne peuvent en aucun cas être extrapolées à l'ensemble de l'industrie automobile.

Il faut en moyenne produire 2 millions de voiture par an en France pour maintenir l'activité automobile française.

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