Je félicite M. Vincent Bretagnolle pour son travail et, avant toute chose, je veux dire que je suis, comme tout le monde ici, favorable à ce que l'on remplace les molécules les plus dangereuses par d'autres ne présentant pas les mêmes inconvénients. Cela dit, nous devons aussi reconnaître que la chimie a fait partie des grandes avancées de ce siècle pour le bien-être de l'humanité.
Certes, de très nombreuses études ont porté sur les effets des néonicotinoïdes, mais contrairement à ce qui a été dit, les résultats et conclusions de ces études sont extrêmement variés, pour ne pas dire incohérents. (Murmures) Ainsi, l'étude publiée par l'INRA le 20 novembre dernier conclut que les chercheurs n'ont pas observé d'altération des performances des ruches exposées, et que les quantités de miel produites n'ont pas été impactées par le gradient d'exposition aux cultures issues des semences traitées par l'insecticide.
Monsieur le directeur de recherches, vous avez réalisé une étude portant sur le thiaméthoxam dans la culture du colza, alors qu'il s'agit d'une molécule dont l'utilisation est interdite pour cette culture depuis des années. Pourquoi ne pas avoir pris pour sujet d'étude une molécule en cours d'utilisation ?
Procédant par extrapolation, vous avez conclu à une augmentation du taux de non-retour, qui passerait de 5 % à 22 %. Pourriez-vous nous indiquer selon quel modèle mathématique vous avez procédé à cette extrapolation ?
En tout état de cause, il ne paraît pas démontré que la baisse du retour à la ruche s'accompagne d'effets négatifs sur l'essaim ou sur la production de miel. Pouvez-vous nous confirmer ce point ?
Vous avez évoqué la présence d'imidaclopride sur l'ensemble des parcelles étudiées, y compris la parcelle témoin : en d'autres termes, même cette parcelle témoin ne contenait pas zéro pesticide. Dans ces conditions, comment la parcelle en question peut-elle valablement servir de témoin pour l'ensemble de l'étude ?
Pour ce qui est des résidus, vous avez cité des chiffres qui, à première vue, correspondent à ceux cités par l'entreprise ayant procédé aux études de mise en marché. Nous confirmez-vous que les chiffres sont sensiblement identiques ?
Vous avez, à juste titre, dit que, si les néonicotinoïdes devaient être interdits, il faudrait trouver de quoi les remplacer. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec vous quand vous dites que les rendements n'ont pas évolué au cours des dernières années, car il faudrait mettre en corrélation l'état sanitaire des différentes cultures avec les conditions météorologiques constatées au cours de ces années. Ce qui est certain, c'est que l'interdiction des néonicotinoïdes rendrait nécessaire le recours à des insecticides de type pyréthrinoïde, appliqués directement sur les plantes et non plus sur les semences. Ne pensez-vous pas que le traitement de la graine est beaucoup plus sain pour l'environnement que l'application d'un insecticide sur les parties aériennes de la plante ? En tout état de cause, si l'on ne combattait plus les pucerons, c'est 10 % à 15 % de la production agricole qui se trouverait impactée.
Enfin, j'aimerais savoir ce que vous pensez d'une carte que je tiens à votre disposition, qui met en évidence la mortalité hivernale des colonies d'abeilles en France en 2013-2014. On peut y voir que le taux de mortalité le plus important, s'élevant à 35 %, a été constaté en région Midi-Pyrénées, et principalement dans les zones de montagne, précisément là où les néonicotinoïdes ne sont pas du tout utilisés. À l'inverse, les taux les plus bas – 4 % à 5 % – ont été observés en Picardie ou en Champagne-Ardenne, dans des zones agricoles où les néonicotinoïdes sont très utilisés, notamment pour la culture de la betterave sucrière. Ces résultats inattendus sont confirmés par une carte européenne faisant apparaître que la mortalité la plus élevée est constatée en Finlande, un pays où les insecticides ne sont pas utilisés, contrairement aux pays méditerranéens du Sud, qui présentent des taux de mortalité moins élevés.