Intervention de Karel De Boeck

Réunion du 13 janvier 2016 à 9h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Karel De Boeck, administrateur délégué et président du comité de direction :

Nous sommes entre le SSM et le SRM, les banques vivantes et les banques en résolution. Un bail in sur les dettes garanties par les États est à exclure. On ne peut pas aller demander aux personnes privées de 20 % de remboursements de Dexia de souscrire à de nouvelles émissions. Ce qu'il est important pour le législateur de savoir, c'est qu'une petite augmentation d'un milliard peut en sauver soixante. Ce n'est pas ce que je préconise, et nous allons faire le maximum pour l'éviter, mais il existe un énorme leverage du capital sur les risques des États pour éviter ce genre de scénario catastrophique car un bail in, pour Dexia, c'est la faillite assurée le lendemain. C'est ce que nous avons expliqué à Francfort, mais la BCE a du mal, avec nous : il existe, selon elle, un risque juridique énorme de précédent.

En ce qui concerne la valeur théorique des portefeuilles, elle est actuellement autour de 22 milliards. Cela va changer avec l'IFRS 9, car nous pourrons geler certains actifs, alors que les réserves AFS représentent aujourd'hui une sous-évaluation dans les livres.

La gouvernance simplifiée résulte d'un putsch que j'ai conduit en 2013 et dont je suis extrêmement content. Cela a duré cinq minutes au conseil. Il était déjà clair, début 2013, que des comités de direction à deux niveaux n'avaient plus de sens. J'ai mis un peu d'ordre dans les structures de la société, les règles de priorité et de décision, la comitologie.

Il ne reste pas d'autre point d'harmonisation pour l'informatique, sauf la mise sur les mêmes châssis de toute l'IT, ce qui nous prendra jusqu'à fin 2017. Il a été fait allusion à l'outsourcing vers une banque de la place, culturellement proche et champion mondial dans le domaine : nous passerons probablement un accord avec la Société générale pour qu'ils prennent en charge l'opérationnel de nos activités de marché.

Je dis à mes Français qu'ils ne doivent pas trop se plaindre car ils vont centraliser toute l'informatique – sauf la partie externalisée à la Société générale dans les marchés financiers –, alors que ces activités vont disparaître au niveau des entités étrangères. Elles resteront un peu en France, où elles créeront des emplois pérennes : une cinquantaine de personnes seront reprises par la Société générale. C'est le moindre mal pour les Français.

Les pauvres Français subissent-ils le risque des prêts étudiants aux États-Unis ? La réponse est oui, mais les Belges en portent plus de la moitié. C'est quelque chose de triste, mais ça l'est encore plus pour les Belges que pour les Français. Cela vous explique pourquoi la Belgique réagit parfois comme elle le fait.

Nous nous sommes longtemps demandé s'il fallait s'attaquer à MM. Miller et Richard. Normalement, c'est au marché de le faire, mais aucun mouvement d'attaque vis-à-vis de l'ancien management n'est venu des marchés, des actionnaires ou des investisseurs qui se sentiraient lésés… Dans tous les autres cas, il y a des dizaines de procès. La bêtise ne relève pas du droit pénal. Robert de Metz a tout de même essayé de faire un certain nombre de choses. L'État français a réintégré les personnels issus de la fonction publique et en a même promus : il a été un très mauvais exemple.

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