Intervention de Catherine Quéré

Réunion du 16 janvier 2013 à 9h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCatherine Quéré :

Avant de poursuivre, je veux également remercier nos collègues de Guyane et tous les services qui ont facilité notre visite. Aux dix entretiens de terrain (préfecture, conseil régional, comité des pêches, office national des forêts, société Shell, associations environnementales, préfigurateur du grand port maritime) se sont ajoutés des déplacements dans le parc amazonien, dans le marais de Kaw, au centre spatial guyanais et dans une centrale biomasse.

90 000 km² font de la Guyane le plus grand département français avec 380 km de façade maritime et des frontières terrestres avec le Surinam et le Brésil. Nous avons d'ailleurs souvent entendu des plaintes à propos de la tendance de certains ressortissants brésiliens à confondre les ressources minières et halieutiques de la Guyane avec celles de leur pays. Le taux de fécondité élevé et l'immigration constante entraîneront, d'ici à 2030, le doublement d'une population particulièrement métissée entre blancs, noirs, amérindiens et hmong.

Ce facteur démographique doit irriguer toutes les analyses prospectives, particulièrement lorsqu'on parle de transition énergétique. Avec une croissance annuelle de 3,5 % de la consommation électrique, on doublera là aussi d'ici 2030 – avec le rééquilibrage vers l'ouest d'une demande pour l'heure concentrée sur l'île de Cayenne. Il conviendra de renforcer les réseaux et de développer les petites unités de production renouvelable, mais ce sera insuffisant. Le barrage de Petit-Saut alimente les villes du littoral, mais il ne parvient pas à satisfaire les besoins : on a de plus en plus recours au fioul et à la centrale thermique de Dégrad-des-Cannes. Quant aux communes de l'intérieur, comme Saül où nous étions, la production électrique passe par quelques panneaux solaires et surtout par des groupes électrogènes alimentés par avion. C'est extrêmement coûteux et polluant, mais les solutions alternatives font défaut.

La transition énergétique n'épuise pas les enjeux du territoire. Je ne voudrais pas que l'on néglige les enjeux de l'agriculture : l'accès difficile au foncier, le plus souvent boisé, freine les vocations. La biodiversité guyanaise, qui compte pour moitié dans la biodiversité nationale, doit absolument être protégée. L'industrie est rare, hormis le bâtiment et les travaux publics, et on a déjà évoqué les activités spatiales et minières. La croissance démographique pose directement le défi des structures de formation : qui dit population jeune dit moyens éducatifs en conséquence. Enfin, les services publics sont très corrects sur la bande littorale, mais les villages de l'intérieur souffrent d'une grande difficulté d'accès.

Je conclurai en pointant le potentiel de développement économique lié à l'activité touristique, et plus particulièrement au tourisme vert. Que ce soit dans la forêt amazonienne ou dans le marais de Kaw, je pense que beaucoup aimeraient passer leurs vacances dans les espaces que nous avons découverts.

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