Intervention de Gabriel Serville

Réunion du 16 janvier 2013 à 9h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGabriel Serville :

Je voudrais saluer l'excellente initiative de la commission du développement durable de se rendre en Guyane. Je souscris également aux analyses extrêmement pertinentes qui ont été présentées. Il me semble que nous avons, jusqu'à présent, souffert d'un défaut d'anticipation des événements. Le territoire dans son ensemble – et notamment la région de Saint-Laurent-du-Maroni – est soumis à une très forte pression : démographie galopante, services publics insuffisants pour répondre aux besoins de la population, etc. Les difficultés, d'ores et déjà perceptibles, peuvent rapidement se transformer en tensions, totalement préjudiciables aux intérêts nationaux.

La problématique de la Guyane doit être replacée dans un cadre géopolitique et géostratégique plus large. Le territoire a pour grand voisin le Brésil, qui pourrait ravir un jour à la France sa cinquième place parmi les pays les plus industrialisés. Sa biodiversité, son sous-sol (diamant, bauxite, colombo-tantalite, or), ses ressources halieutiques, ses gisements pétroliers sont considérables. Sans oublier la base de Kourou, idéalement située à proximité de l'équateur et en bord de mer, utilisée par des lanceurs spatiaux Ariane, Vega et Soyouz ! L'ensemble de ces éléments doit nous pousser à suivre avec beaucoup d'attention ce qui se passe sur ce territoire français d'Amérique du sud et ne plus considérer que ses éventuels problèmes sont d'ordre strictement local.

La Guyane a eu l'opportunité de se prononcer sur son avenir institutionnel, en janvier 2010. Les citoyens ont alors exprimé leur désir de rester dans le cadre dressé par l'article 73 de la Constitution. Il faut donc cesser de se poser la question de la place de la Guyane au sein de la République, mais plutôt celle du positionnement de la France dans le bassin amazonien. Sur le mode de la boutade, j'ai même récemment suggéré au Président de la République la création d'un « secrétariat d'État au bassin amazonien français » !

J'espère vivement que la mission de terrain de la commission du développement durable pourra connaître des prolongements, par exemple à travers la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire. Elle aurait notamment à se pencher sur les raisons pour lesquelles les opérations lancées par Harpie ne donnent que des résultats que je juge décevants : beaucoup d'argent se trouve investi dans la lutte contre l'orpaillage clandestin, mais les entretiens informels que j'ai pu avoir sur le terrain, avec des gendarmes ou des militaires, ont révélé des problèmes réels de coordination entre les institutions – sans parler des fuites ou des complicités dont bénéficient les garimpeiros et qui leur permettent d'être informés des opérations avant qu'elles ne soient lancées. Arrêtons de remplir ce tonneau des Danaïdes et donnons-nous enfin les moyens de comprendre ce qui se passe sur le terrain !

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