Intervention de Jean-Yves Caullet

Réunion du 16 janvier 2013 à 9h45
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Yves Caullet :

Je vous remercie de votre invitation à l'ensemble des députés et je serais très intéressé à prendre connaissance des documents que vous avez mentionnés.

De manière générale, il me semble que l'expression « OGM » est aujourd'hui improprement utilisée, de manière très globale, comme s'il s'agissait là d'une réalité unique, alors que c'est loin d'être le cas.

Vous avez justement souligné que la recherche publique, disposant d'une légitimité particulière et reconnue, se concentrait sur l'impact sanitaire de ces organismes et n'avait que peu investi la problématique des conditions de leur production. Dès lors que celle-ci est donc essentiellement le fait de sociétés privées, il apparaît difficile de les croire pleinement lorsqu'elles affirment que les nouvelles variétés mises sur le marché le sont pour des raisons « d'intérêt général », de « lutte contre la faim dans le monde » ou tout autre objectif de nature philanthropique… Assez naturellement, ces sociétés recherchent également un profit et ces produits viennent en complément d'autres pans de leur activité comme les pesticides ou les herbicides. Plus généralement, leur recherche constante d'une position dominante sur le marché des semences me paraît, dans son principe, assez éloignée de tels objectifs d'intérêt général.

La recherche publique n'aurait-elle donc pas dû affecter des moyens plus importants et s'engager de manière plus nette dans une recherche sur des OGM dont l'objectif aurait réellement été d'intérêt général, comme la résistance à certaines sécheresses ? Un tel engagement n'aurait-il pas contribué à améliorer la perception des OGM par l'opinion publique ?

Vous avez évoqué les liens entre expertise et recherche : considérez-vous que la formation de nos jeunes chercheurs, futurs experts, est aujourd'hui suffisamment soutenue et orientée vers ces différents domaines ? Quel impact l'avis d'un organisme comme l'INRA peut-il avoir sur ces orientations en matière de formation ?

Dans le domaine de l'expertise et comme l'a montré la récente audition de M. Marc Mortureux, directeur de l'Agence nationale chargée de la sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), les demandes se multiplient : la machine à produire des questions et des demandes d'essais fonctionne à plein régime et n'y a-t-il pas, à un terme plus ou moins proche, un risque de saturation ? Bref, la chaîne formation - recherche - expertise est-elle alimentée en moyens humains de façon suffisante pour répondre aux enjeux actuels ?

Quelle organisation proposez-vous de mettre en oeuvre pour assurer l'indépendance collective nécessaire en matière d'expertise ?

En matière d'agro-écologie, je m'interroge sur la possibilité de concevoir une agronomie différente de celle que nous pratiquons aujourd'hui. Quelles pistes futures cette notion vous paraît-elle susceptible de porter, afin d'éviter à cette belle idée d'être immédiatement taxée de « passéiste » ou « rétrograde » ? Un certain nombre de tiraillements au sein du monde agricole le font d'ailleurs craindre d'ores et déjà.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion