Monsieur le Premier ministre, le Président de la République a présenté hier un énième plan d’urgence pour l’emploi, un plan de la dernière chance, on ne peut plus ambitieux, puisqu’il prévoit, je cite, « de redéfinir notre modèle économique et social ».
Une fois l’écran de fumée dissipé, malheureusement, l’ambition laisse place à la déception. Déception face à des dispositions qui relèvent, au mieux, du traitement social du chômage, au pire, d’un traitement statistique. Déception face à des mesures, au mieux, déjà essayées, au pire, déjà prévues, avec leur lot d’imprécisions et d’interrogations. Déception face à des mesures ponctuelles qui ne répondent pas au défi d’une politique mobilisatrice de l’emploi, tournée vers les territoires, les porteurs de projets, les entreprises, l’innovation, bref, tournée vers les Françaises et les Français.
Oui, nous devons changer de modèle économique et social. Non, les mesures annoncées, même les plus séduisantes, ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Depuis trois ans, il y a urgence. Depuis trois ans, le Gouvernement perd un temps précieux entre hésitations et demi-mesures.
Monsieur le Premier ministre, donnez de la stabilité au droit du travail, développez une politique de l’emploi plus en phase avec les territoires, construisez des formations adaptées aux besoins du monde du travail, changez enfin le regard sur l’apprentissage, élaborez avec les régions de véritables parcours d’accès à l’emploi, orientez enfin la formation professionnelle vers ceux qui en ont le plus besoin, et, surtout, baissez le coût du travail en assurant à notre protection sociale un financement qui ne pénalise ni les salariés, ni les entreprises.