Intervention de Monique Orphé

Réunion du 12 janvier 2016 à 17h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMonique Orphé :

De façon très pertinente, Ernestine Ronai a souligné que les victimes de violences sont en danger, de façon potentielle toutefois, car le passage à l'acte n'est pas la règle. À La Réunion, nous vivons un nouveau drame puisqu'une jeune fille a été assassinée à Villeurbanne : cent coups de couteau et divers coups lui ont été assénés. L'assassin, son compagnon, l'avait déjà frappée six mois auparavant et, par la suite, avait présenté des excuses. Le couple s'était alors reformé. Ces jeunes gens avaient respectivement 23 et 24 ans au moment de la commission des faits. Je m'interroge sur l'information apportée aux populations : une campagne est en cours, mais qu'est-il fait à l'intention des jeunes qui n'ont que rarement conscience que la plainte doit être déposée dès le premier coup ? En l'occurrence, la jeune femme s'en était abstenue afin d'épargner ses parents. Je n'ai pas vu cette campagne d'information à La Réunion ; une fois de plus, je me vois contrainte à réclamer une égalité de traitement de tous les territoires.

Le traitement des auteurs de violences n'a pas été évoqué. La loi prévoit pourtant un stage de responsabilisation. Le jeune assassin, dans le cas que je viens de citer, pensait « corriger » légitimement sa compagne insoumise ; une consultation psychologique aurait probablement mis en évidence un certain déphasage chez l'intéressé.

Le chiffre de 2 500 ordonnances de protection prononcées sur l'ensemble du territoire paraît faible. Je m'interroge, en outre, au sujet de la répartition par départements, car il me semble que beaucoup de femmes sont en attente d'un jugement.

Le retrait total et systématique de l'autorité parentale serait, à mes yeux, une bonne chose : l'enfant a besoin d'être protégé, quitte à reconsidérer plus tard la question ; hélas, je n'ai pas eu gain de cause au moment du débat. Je persiste à penser que l'enfant doit bénéficier du statut de victime.

Au sujet de l'égalité entre les hommes et les femmes, il me semble que du chemin reste à parcourir, singulièrement dans le domaine des images sexistes véhiculées par la publicité : j'ai encore vu récemment des produits de consommation courante distingués par le rose et le bleu.

Enfin, nous souhaiterions que l'équivalent de l'enquête « Violences et rapports de genre » (VIRAGE) de l'INED puisse être conduit dans tous les territoires de la République. Je reconnais toutefois que cela a été engagé à La Réunion.

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