Intervention de Pascale Vion

Réunion du 12 janvier 2016 à 17h00
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Pascale Vion, présidente de la Délégation aux droits des femmes et à l'égalité du Conseil économique, social et environnemental, CESE :

L'Espagne a beaucoup progressé dans la question du féminicide, et ce terme figure dans la loi. Le cas de Mme Sauvage montre qu'il est important de trouver sur le plan législatif une solution permettant la prise en compte de la situation des femmes dans l'ensemble de leur parcours. Nous savons que les femmes qui tuent leur mari, conjoint ou ex-conjoint violent, le font au terme d'une trajectoire particulière et qu'il aurait dû être possible d'enrayer cette mécanique avant la commission du meurtre. Cela nous ramène à la nécessaire protection des intéressées ainsi qu'au statut de victime.

Concernant les auteurs de faits de violence, la sémantique est importante. Aussi les nommons-nous « agresseurs », car il s'agit de personnes qui agressent et non pas d'« auteurs » comme ceux d'oeuvres littéraires. Les agresseurs doivent être effectivement poursuivis et sanctionnés, et pour cela nous devons encourager les femmes à porter plainte, ce qui met en jeu l'information de l'ensemble de la société, car aujourd'hui tout est occulté, ce qui dissuade les victimes d'agir. D'ailleurs, lorsqu'elles viennent porter plainte, elles sont mal reçues ; ces difficultés sont encore rencontrées après le dépôt de plainte, les juges aux affaires familiales ne prennent pas toujours de mesures d'éloignement du mari, même après plusieurs plaintes.

Aujourd'hui, les agresseurs peuvent être soignés et suivis ; nous savons par ailleurs que la plupart d'entre eux ont été victimes alors qu'ils étaient enfants ou ont vu leur mère subir des violences, ce qui prouve le rôle éminent de la protection de l'enfance.

Je vous concède que les campagnes médiatiques sont importantes, mais elles sont très insuffisantes en quantité. La question des violences doit être mise sur la place publique : il faut expliquer ce qu'elles sont et quelles sont leurs conséquences, considérables, en termes de santé publique. Ernestine Ronai évoquait à ce sujet un coût de 3,5 milliards d'euros, et encore ce chiffrage ne couvre-t-il que les violences conjugales, et pas l'ensemble des violences. Nous savons qu'il existe des diagnostics erronés de schizophrénie alors qu'il s'agit de mémoire traumatique.

L'éducation à l'égalité des sexes et contre le sexisme constitue l'une de nos préconisations ; il faut expliquer que la femme n'est pas l'inférieure de l'homme, que la petite fille n'est pas inférieure au garçon, que le droit des êtres humains vaut pour tous et que la violence n'est qu'une impasse.

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