Votre volonté de nous auditionner prouve que les politiques s'intéressent à notre filière. Notre association existe depuis vingt ans et regroupe aujourd'hui quatre-vingt adhérents : des entreprises gazières, dont certaines sont représentées ici, et des constructeurs de camions. Malheureusement, nous ne comptons plus dans nos rangs qu'un seul constructeur de voitures, l'entreprise italienne Fiat. C'est la conséquence du silence que le gaz a subi depuis quelques années : le Grenelle de l'environnement ayant privilégié l'électrique, les constructeurs français ont préféré s'orienter vers ce type d'énergie. Mais les constructeurs de camions, qui considèrent le gaz – GNV et GNL – comme la seule alternative réelle au diesel, nous soutiennent. Le dernier d'entre eux devrait bientôt rejoindre l'association.
L'AFGNV essaie de convaincre les fédérations professionnelles de transporteurs, très intéressées. Nous intervenons dans tous les congrès de transporteurs routiers. Ce matin encore, j'ai visité une fédération bien connue qui s'intéresse au développement du gaz comme moyen de répondre aux villes qui souhaitent limiter la circulation des véhicules diesel sur leur territoire. Pour les camions, le gaz représente la seule alternative, l'électrique n'étant viable que pour de petits véhicules de moins de 3,5 tonnes. Le remplacement du diesel par le gaz – un carburant plus propre – peut être créateur d'emplois puisque les usines de méthanisation, qui recyclent des déchets ménagers ou agricoles, seraient forcément situées en France. Il dynamiserait également notre industrie du camion : Renault Trucks construit tous ses camions en France ; un autre constructeur suédois assemble les véhicules sur notre territoire ; les autres constructeurs y possèdent des usines de moteurs.
Nos clients transporteurs s'interrogent sur le nombre de stations – encore limité – et sur la fiscalité relative au gaz. Très intéressante aujourd'hui par rapport au gazole, celle-ci peut évoluer ; or pour investir dans un outil industriel relativement cher, les transporteurs ont besoin de prévoir leurs dépenses, pour ne pas se retrouver devant une contrainte économique qu'ils n'auraient pas prévue au départ. Ils craignent que si le gaz se développe comme nous le pensons, la fiscalité qui pèse aujourd'hui sur le diesel ne soit transférée sur cette source d'énergie. Nous ne demandons pas un blocage du prix du gaz ou des taxes correspondantes, mais l'assurance que l'écart actuel de fiscalité entre le diesel et le gaz reste constant sur les cinq ans à venir. L'échéance de 2025 nous semble raisonnable par rapport à d'autres délais très courts qui posent des problèmes économiques aux transporteurs ; en effet, on ne peut pas remplacer un parc de camions aussi vite.
La demande de notre filière de voir l'amortissement de 140 %, prévu par la loi Macron, s'appliquer à tous les camions a été refusée ; en revanche, l'on a accepté la mesure pour les véhicules à gaz – malheureusement, pour deux ans seulement. Ce délai est court pour les investissements, mais c'est déjà un grand pas. Nous remercions ceux qui ont pris cette décision et qui ont porté les amendements correspondants.
Vous avez cité les deux experts avec lesquels nous travaillons étroitement. Dans le cadre de la directive européenne sur les carburants alternatifs, nous avons créé un groupe de travail présidé par M. Vincent Rousseau, ici présent.