Dans tous les pays où la filière a émergé – la Suède, la Suisse, l'Italie ou l'Allemagne –, le succès a reposé sur la collaboration entre l'État, les constructeurs et les entreprises fournissant les stations. En Italie, la loi correspondante s'appelait « Salva Italia » : c'est dire si l'État s'était engagé ! Fiat a suivi et l'entreprise ENI a développé un réseau de stations. Les constructeurs de stations et de véhicules ne peuvent pas y arriver seuls ; il faut forcément les trois acteurs, au moins au départ, comme le prouve notre expérience dans les territoires. Aujourd'hui, en Italie, il n'y a plus de subventions, mais le secteur continue à fonctionner. Il faut donc commencer par lancer le marché de manière pérenne. Or en matière de véhicules légers, personne n'est actuellement prêt : ni les fabricants de véhicules, ni les constructeurs de stations, ni les pouvoirs publics. Mieux vaut commencer par les poids lourds – domaine où les fabricants de camions, les territoires et les constructeurs de matériel veulent d'ores et déjà s'engager, et où l'on peut trouver des candidats pour financer les stations. Même la Caisse des dépôts et les syndicats de l'énergie commencent à s'y intéresser. Commençons donc par le plus facile, et lorsque nous aurons démontré ce que nous pouvons apporter à la collectivité, nous pourrons aborder le secteur des véhicules légers.
Le biométhane est en effet injecté dans les réseaux, mais la garantie d'origine permet d'en assurer la traçabilité jusqu'à la consommation. Par appel d'offres du ministère, GRDF est le gestionnaire du registre des garanties d'origine. Cette traçabilité servirait pour l'incorporation du GNV dans les biocarburants.
Y aura-t-il assez de gaz demain pour le GNV ? La loi sur la transition énergétique fixe un objectif de 10 % de gaz vert sur quelque 30 térawattheures à l'horizon 2030 ; le scénario du MEDEF évoque 10 % sur 25 térawattheures à l'horizon 2020. Le GNV pour les camions démarre, ainsi que le biométhane ; à nous de faire rencontrer ces courbes. Si l'on reconnaît le GNV comme un biocarburant avancé et qu'on fait de l'incorporation, on peut y arriver.