Intervention de Vincent Rousseau

Réunion du 19 janvier 2016 à 14h00
Mission d'information sur l'offre automobile française dans une approche industrielle, énergétique et fiscale

Vincent Rousseau, directeur de projet mobilité de GRTgaz :

Monsieur Baupin, le gaz est aujourd'hui avant tout intéressant pour les poids lourds, et c'est cette étape qu'il faut réussir jusqu'en 2020. Combien de stations faut-il ? Si l'on regarde nos voisins européens, l'Italie dispose aujourd'hui de plus de 1 000 stations, le réseau allemand – 900 stations – est également assez dense. Si l'on fait le parallèle avec le GPL – 1 500 stations –, on voit l'asymptote vers laquelle il faudra tendre. Avec un réseau de 1 500 stations, on devrait couvrir le territoire correctement et mettre le gaz carburant, d'origine renouvelable ou non, à disposition du plus grand nombre, quel que soit le segment, du poids lourd au véhicule léger.

Le coût ne serait pas forcément exorbitant : une station coûte plus cher qu'une borne de recharge, mais il en faut beaucoup moins. Nous estimons qu'il s'agirait de 700 à 800 millions d'euros, sachant que dans ces 1 500 stations, il y aurait à la fois des stations pour poids lourds et des stations pour véhicules légers, nombreuses en Allemagne et en Italie. Les premières coûtent plus cher que les secondes : 1 million d'euros contre environ 300 000 euros.

S'agissant de la différence entre le GPL et le GNV, le GPL est un mélange avec du butane – C4H10 – et du propane – C3H8. Le gaz naturel et le biométhane, c'est du méthane : CH4. Le rapport entre le carbone et l'hydrogène est donc bien plus avantageux pour le méthane que pour le GPL.

L'autre différence notable tient au fait que le GPL est un produit issu du raffinage, donc un produit fatal récupéré au cours de la transformation du brut en sous-produit – diesel ou essence –, alors que le gaz naturel est d'origine fossile pour la partie naturelle et de plus en plus d'origine renouvelable. Mais c'est bien la même molécule.

Une autre question portait sur les véhicules disponibles. Aujourd'hui, sur le segment poids lourds, l'offre commence à être relativement intéressante, équivalente à ce qu'on voit dans d'autres pays européens. Acheter un véhicule utilitaire, a fortiori léger, est beaucoup plus compliqué : l'offre existe, mais bon nombre de constructeurs ne commercialisent pas leurs véhicules en France, à cause du manque de stations.

S'agissant des compresseurs à domicile, le développement du gaz concerne aujourd'hui surtout le segment des poids lourds, alors que cette solution est orientée vers les véhicules utilitaires légers, notamment particuliers. De plus, elle s'adresse à seulement une catégorie d'acteurs – il faut disposer d'un garage, souvent d'un pavillon –, loin de la logique d'accessibilité du carburant au plus grand nombre. L'AFGNV estime néanmoins que la solution est intéressante ; elle est d'ailleurs en cours de relance en Suisse, et des entreprises travaillent également sur le sujet aux États-Unis. Mais avant de mettre en oeuvre ce moyen de ravitaillement, il faudrait créer un réseau de stations digne de ce nom, pour apporter, en premier ressort, le même type de recharge que pour les carburants classiques.

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