Monsieur le secrétaire d'État, il me paraît important, surtout au moment où s'expriment, sur le continent européen, divers nationalismes, de rappeler qu'avant l'aventure économique, c'est la volonté de vivre en paix qui est à l'origine du projet européen. Le tableau que vous avez brossé de la situation de l'Union européenne en 2016 peut paraître pessimiste ; je le crois réaliste. Le Président Juncker lui-même a évoqué une « polycrise ». Nous sommes à un moment de vérité pour l'Union européenne. Il faut à la fois traiter diverses urgences et construire demain. Or, on semble se contenter de quelques sparadraps, tels que la garantie jeunes, destinée à aider une jeunesse européenne de plus en plus sacrifiée, sans se soucier de construire un projet d'avenir. Dix ans après la fin des travaux de la convention pour l'avenir de l'Europe, je m'inquiète de ce manque de souffle, d'ambition et d'imagination, car de nouveaux enjeux apparaissent. Il nous faut maintenir la cohésion sociale et la paix avec nos voisins, notamment ceux de la rive sud de la Méditerranée. Ne nous voilons pas la face : les Américains nous laisseront nous débrouiller avec eux.
Je souhaiterais donc que la France assume son rôle précurseur dans la construction de l'Europe. Nous pouvons tenter d'agir dans le cadre du couple franco-allemand, mais il ne faut pas avoir peur de se fâcher avec nos amis Anglais : la France ne doit pas tout accepter pour maintenir le Royaume-Uni dans l'Union européenne. Mais agissons pour qu'une fois ces crises passées, nous ayons un avenir en Europe !