Intervention de Isabelle Le Callennec

Réunion du 27 janvier 2016 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Le Callennec :

Cette proposition de loi a le mérite de susciter le débat et, je l'espère, de nous faire avancer les uns et les autres. Je vous rejoins sur un point, madame Iborra : le manque de maturité des jeunes de quatorze ans, car l'éducation a beaucoup changé en vingt ou quarante ans. Quand on leur demande ce qu'ils veulent faire dans la vie, que voulez-vous qu'ils répondent ? Ils n'ont aucune connaissance, et c'est bien normal, de ce qui existe. En revanche, certains jeunes ne sont manifestement plus « à leur place » dans le système scolaire classique, trop conceptuel pour nombre d'entre eux. Regardez les programmes scolaires… Certains jeunes sont devenus totalement rétifs à cette façon d'enseigner ; ils décrochent alors qu'ils sont habiles et seraient capables, si on le leur proposait, de faire, d'agir, de construire, et de ce fait de se revaloriser à leurs propres yeux.

Si le manque de maturité est indéniable, il faut tout de même trouver des solutions pour ces jeunes-là, notamment lorsque les enseignants leur conseillent l'apprentissage d'un métier. Nous devons donc nous poser la question sans nous focaliser sur l'âge. Il est possible pour le jeune de suivre un cycle de formation scolaire ou sous le statut de stagiaire de la formation professionnelle dès l'âge de quinze ans ; c'est la bonne solution. Mais faut-il obligatoirement avoir quinze ans révolus au moment où on entame cette formation ? Nous nous étions posé la question ; je crois savoir que des possibilités de dérogations sont prévues.

Cela étant, même si les décrets sont sortis, sur le terrain, une fois de plus, l'application du texte ne se fait pas toujours de façon idéale. J'ai visité un restaurant de ma circonscription, où travaillaient deux jeunes de dix-sept ans, l'un en contrat de professionnalisation, l'autre en apprentissage. L'un a le droit d'utiliser certains matériaux et machines, l'autre pas ! Si une prise de conscience a eu lieu en ce qui concerne l'utilisation de machines par les jeunes, la direction du travail ne suit pas, même si le décret est publié. Pour ma part, je discute beaucoup avec les maîtres d'apprentissage dont le travail de tutorat est fondamental. Ils me confirment que les temps ont changé, que les enfants ne sont plus les mêmes : ils doivent de plus en plus souvent jouer un rôle d'éducateur – comme à l'école, du reste – avant de leur apprendre un métier.

Les territoires doivent s'organiser dans ce domaine. Si l'on attend tout de l'État, il ne se passera malheureusement pas grand-chose. Cette proposition de loi nous offre une vraie opportunité d'aller au bout des choses, de territorialiser l'apprentissage et l'alternance avec des gens de bonne volonté sur le terrain.

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