On m'a interrogée sur l'exécution d'un dignitaire chiite par l'Arabie saoudite et sur les relations de cette dernière avec l'Iran. Comme je l'ai dit hier, j'ai la conviction que ce n'est pas grâce aux acteurs régionaux que l'on parviendra à une sortie de crise en Irak et en Syrie. Nous avons échoué à soutenir suffisamment les acteurs locaux susceptibles de porter la reconstruction et d'assurer le rétablissement de ces États à long terme. La dégradation des relations entre l'Arabie saoudite et l'Iran confirme ce que j'ai toujours pensé, à savoir que la stratégie de Barack Obama consistant à déléguer le règlement de la crise aux acteurs régionaux alors même qu'ils sont profondément impliqués dans le conflit, pour certain à travers le soutien financier ou armé qu'ils apportent à certains groupes, est irréaliste.
Quant à la Turquie, qui a fait passer et entrer en Syrie des milliers de djihadistes, elle est très clairement complice. C'est tout le sens aujourd'hui des efforts américains sur le terrain pour couper les voies d'accès de Daech à la Turquie, par où transitent l'essentiel de ses trafics, de ses flux financiers et de son recrutement en hommes. Et, si le renouvellement des effectifs ne semble pas devoir se tarir, c'est qu'aujourd'hui encore des centaines de jeunes sont victimes de la propagande de Daech qui diffuse sur internet les images de civils meurtris par les bombardements. Je n'invente rien, c'est ce dont témoignent les jeunes Français qui sont partis, lorsqu'on les interroge. Daech joue sur l'émotion que suscite l'humiliation des populations par les tyrans – Bachar el-Assad, le gouvernement Irakien, les Occidentaux. Encore une fois, j'assume mes positions en tant que voix indépendante de la société civile.