Intervention de Didier François

Réunion du 13 janvier 2016 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Didier François, journaliste :

Toutes les populations ne les soutiennent pas, et ils prennent parfois le pouvoir par la contrainte. Par ailleurs, on peut parler des dommages collatéraux, mais les Occidentaux ne tueront jamais autant de civils dans la zone qu'en ont tué l'État islamique ou les différents pouvoirs locaux. Ces comptes morbides n'ont d'ailleurs aucun sens, car le but du jeu n'est pas de savoir s'ils sont légitimes à nous dénoncer comme des tyrans mais de faire en sorte qu'ils recrutent le moins de djihadistes possible. Moins nous ferons d'erreurs, moins ils recruteront, mais croire que le jour où nous arrêterons d'en commettre ils arrêteront de nous attaquer est une bêtise. Quant aux raisons qui poussent les jeunes à la radicalisation, sans être spécialiste de la question, je pense qu'il y a d'autres raisons que celles mises en avant par Myriam Benraad.

Je souscris en revanche à ce qu'elle dit sur la maladresse de l'intervention de 2003 en Irak, qui a brutalement déplacé de deux cent cinquante kilomètres vers l'ouest une frontière vieille de sept cents ans entre le monde chiite et le monde sunnite, provoquant un tremblement de terre géostratégique. Je persiste néanmoins à penser qu'on ne peut pas attendre que chiites et sunnites s'entendent pour résoudre le problème du terrorisme. Nous devons faire avec le monde réel, cela s'appelle la politique. Au-delà de l'analyse, il nous faut déboucher sur de l'action.

Quant aux Turcs, c'est moins les terroristes qui les embêtent que les Kurdes, ce qui en a fait des alliés objectifs de l'État islamique au nom d'un ennemi commun. Reste qu'ils sont aussi dans l'Otan et que, depuis juillet dernier, sous la contrainte des Américains, ils ont changé de conduite, avec pour conséquence de subir à leur tour des attentats.

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