Par ailleurs, vous êtes un peu rapide en imputant à l'émotion et au manque d'intelligence l'enrôlement des jeunes aux côtés de Daech. J'ai moi-même produit un rapport pour le Premier ministre intitulé « Génération radicale », dans lequel j'explique la dynamique politique profonde à l'oeuvre derrière la radicalisation, qui touche non pas des gosses décérébrés mais des jeunes animés de profondes convictions.
Quoi qu'il en soit, la France, forte de son histoire et de son siège au Conseil de sécurité de l'ONU qui lui donne des responsabilités internationales, a-t-elle eu raison de ne pas s'engager dans la deuxième guerre d'Irak ? La posture politique et le choix stratégique qui ont consisté à refuser cette intervention nous donnent-ils aujourd'hui un avantage ? Lors de la première guerre irakienne, notre participation à la coalition n'avait-elle pas contribué à garantir l'unité territoriale du pays et à éviter le chaos ? N'avons-nous donc pas commis une erreur en adoptant par la suite une position diamétralement opposée ?
Enfin, à entendre les chercheurs spécialistes de la Syrie et de l'Irak, ces pays longtemps dirigés par des baasistes ultranationalistes, sont en train de se désagréger, remplacés par un morcellement de tribus et de clans religieux. Cela signifie-t-il qu'ils sont voués à disparaître définitivement ? Faut-il maintenir coûte que coûte des pays où les gens ne souhaitent plus vivre ensemble ou doit-on envisager une conférence pour redessiner de nouvelles frontières dans cette zone ?