Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 2 février 2016 à 15h00
Économie bleue — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, je réponds volontiers à l’invitation, qui nous a été lancée par le rapporteur, de nous orienter vers les possibilités anciennes, nouvelles et futures qu’offre la mer.

Tout d’abord, je me demande comment nous avons pu, de gouvernement en gouvernement, nous laisser enfermer par des contraintes européennes qui nous cadenassent aujourd’hui littéralement, qu’il s’agisse de l’agriculture ou des activités maritimes.

Et je n’ai jamais compris pourquoi nous n’avions pas, depuis un demi-siècle au moins, engagé de grand projet en faveur de nos territoires ultramarins. En effet, nous considérons trop souvent ces territoires de France comme des ressources en devenir pour notre pays et nous les laissons aussi trop souvent dans un état de sous-développement qui n’est pas digne de notre histoire.

J’aborderai deux sujets, et d’abord celui des sept millions de poids lourds qui traversent la France tous les ans. J’ai d’ailleurs fait l’objet de certaines critiques à une époque alors que je ne voulais que construire un tunnel dans les Pyrénées. Sept millions de poids lourds ! Nos autoroutes et nos routes sont devenues une muraille d’acier ininterrompue. Et pourtant, notre pays est bordé de mers et d’océans : il faut parcourir 5 000 kilomètres pour aller du port de Rotterdam à celui de Bilbao, et 5 500 kilomètres de plus pour gagner, depuis celui-ci, le port de Marseille. Bien sûr, il faut faire un crochet, mais le trajet cumulé représente 10 000 kilomètres.

Aujourd’hui, au moment où nous venons, avec un faste mérité, de clore la COP21, ne serait-il pas possible, notamment dans le cadre de cette proposition de loi, de s’interroger sur la manière dont nous pourrions transporter différemment des marchandises qui n’ont d’ailleurs, la plupart du temps, rien à faire sur notre territoire dont elles changent totalement l’aspect ? Nous éprouverions un sentiment d’apaisement à les voir s’en éloigner.

Les autoroutes de la mer représentent une très grande chance pour demain, mais elles sont trop peu expérimentées. De même, la catastrophe maritime que nous avons évité de peu ces jours-ci témoigne du grand désordre qui doit régner dans le pourtour de notre territoire maritime.

Deuxième exemple : au moment où nous cherchons à relancer notre économie et où nous sommes obligés de ne pas faire de peine à l’Europe, pas plus qu’à la Chine, à la Russie, aux États-Unis, ou au monde entier, pourquoi ne pas aller dans le sens que nous avons nous-mêmes choisi et que le Président de la République a défini ? Je veux parler des énergies nouvelles.

L’extraordinaire capacité énergétique de la mer – les expériences qui ont été tentées ici ou là et celle, formidable, qui l’est actuellement par l’Australie afin d’utiliser l’énergie des vagues en témoignent – pourrait nous ouvrir bien des perspectives.

Nous sommes, bien entendu, trop étroitement enchaînés par la communauté mondiale et l’Europe d’un côté, et, de l’autre, par le pétrole, qui n’est plus qu’une source de guerres féroces et qui nous ramène à l’époque des guerres de religion que nous n’aurions jamais dû oublier.

Il y aurait là, sans faire de peine à personne, de grandes opportunités pour un pays qui a largement les moyens de s’engager dans cette politique nouvelle.

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