Depuis la loi de 1976, tout maître d'ouvrage doit « éviter-réduire-compenser » les impacts de ses projets sur les milieux naturels. Or le projet de loi sur la biodiversité insiste surtout sur la compensation, en généralisant ce qui n'était alors qu'une expérimentation des réserves d'actifs naturels gérées par des acteurs privés qui fourniront des mesures compensatoires clé en main aux aménageurs. Cette compensation par l'offre pose deux problèmes : elle donne un droit à détruire la nature, elle laisse entendre que l'on peut remplacer ce que l'on a détruit à un endroit par un bout de nature supposé équivalent ailleurs. Or nombre d'études scientifiques ont prouvé que la fonctionnalité des écosystèmes restaurés n'atteint jamais celle de ceux détruits, tant il est difficile de recréer des milieux constitués au fil des siècles.
Comment ne pas craindre la financiarisation de la biodiversité, dénoncée à juste titre par l'ancienne ministre de l'écologie Delphine Batho, lorsque le vocabulaire même – banques de compensation, transferts d'actifs naturels – est calqué sur celui de l'économie ? Comment mesurer les équivalences en matière de compensation ? Comment donner un prix à la biodiversité ? Avez-vous des retours d'expériences conduites ailleurs dans le monde ?